I. Drouet & N. Gauvrit – Causes toujours ! (2013) ♥♥♥♥

Livres

Si les causes sont ainsi notre pain quotidien, elles ne vont pourtant pas sans soulever un certain nombre de problèmes conceptuels et pratiques.

Les philosophes essaient depuis maintenant plusieurs siècles de cerner la causalité, mais aucun n’a réussi à formuler une caractérisation qui soit complètement satisfaisante.
C’est qu’aucune de nos intuitions relatives à la causalité n’est infaillible et ne permet de formuler une définition valant sans exception.
Dans ces conditions, nous appuyer sur ces intuitions pour identifier les causes nous conduit parfois à nous tromper.
Il arrive que des causes réelles restent cachées, se manifestant si peu que nous ne pouvons les détecter.
Plus souvent, nos erreurs proviennent de ce que nous croyons voir des causes là où il y a, en fait, des coïncidences seulement fortuites ou des relations plus complexes que nous ne saisissons pas.
Enfin, dans le cas où il y a bien une cause qui explique ce que nous observons, il n’est pas rare que nous attribuions à ces phénomènes une autre cause, d’une façon qui, pour être plus intuitive, n’en est pas moins fausse.

C’est ce que nous découvrirons dans ce livre à partir de nombreux exemples de telles erreurs parfois inquiétantes, parfois amusantes.

Tout bon ou mauvais psy qui se respecte, qu’il soit chiatre, chologue, chothérapeute, chanalyste, se retrouve régulièrement lancé « à la recherche de la cause ». Cette quête parfois passionnante, parfois plus rébarbative, ne doit faire oublier que si elle semble nécessaire, elle n’est pas pour autant suffisante et qu’elle reste surtout soumise à des phénomènes qui dépassent aussi bien le psy que son patient.

Ce véritable besoin de causalité qui s’exprime chez l’Homme depuis la nuit des temps (et pas forcément lié à une sorte de frénésie actuelle dénoncée ici ou là) le conduit souvent à se laisser piéger par ses intuitions. Ce bouquin, petit mais brillant, nous le rappelle judicieusement, sans détours indigestes ni méthode miracle, ce qui n’empêchera personne de gagner en lucidité.

Entre les causes que l’on ne voit pas, celles que l’on voit mais qui n’en sont pas forcément, celles qui en sont mais qui peuvent en masquer d’autres, il devient parfois difficile de s’y retrouver. La moins mauvaise manière de se rapprocher de la vérité reste encore de bien connaître ce qui peut nous en écarter, à commencer par nos croyances et notamment l’illusion de contrôle, une tendance à surestimer notre maitrise de l’environnement, parfois au point de sombrer dans des prédictions excessives. Un psy (non déprimé) aura ainsi tendance à s’attribuer davantage les réussites de son patient que les échecs de ce dernier. Si un patient se sent mieux à l’hôpital, les soignants l’expliqueront davantage par les bon soins qui y sont prodigués que par ce qui pouvait lui nuire à l’extérieur (tendance à privilégier le fait par rapport au non fait). Si un patient va mieux depuis qu’il consulte un psy, cette amélioration n’est peut-être pas liée à l’intervention (corrélation n’est pas causalité). En effet, toutes les souffrances ne durent pas, certaines régressent naturellement de même que certaines maladies évoluent spontanément vers la guérison. Ce phénomène de régression vers la moyenne peut cependant être accéléré par une psychothérapie ou par un médicament. On pourrait s’attendre à ce que la détérioration de l’état d’un patient consécutive à l’intervention d’un psy conduise ce dernier à une remise en question de sa démarche mais ce n’est hélas pas systématique puisque souvent contraire à ses croyances. Il ira chercher des causes ailleurs, parfois même réelles (une cause peut en masquer une autre), sans examiner la possibilité que son attitude, ses conseils ou ses prescriptions médicamenteuses puissent également être à l’origine de cette dégradation. Certaines situations incitent même à inverser les causes et les effets, et notamment à croire que des dysfonctionnements parentaux seraient à l’origine d’une maladie mentale chez un enfant, alors que l’inverse est en général bien plus probable.

Si certaines questions ne trouvent pas à ce jour de réponses plus précises que le modèle stress-diathèse, nous disposons de quelques outils pour limiter nos erreurs d’attribution et pour tester certaines de nos hypothèses, notamment lorsqu’il s’agit de cerner les causes du maintien d’une souffrance ou d’un dysfonctionnement chez un patient.

Le livre est disponible ici

Causes toujours !

KOllectif 7 janvier : pour une psychiatrie et une psychologie basées sur des preuves scientifiques

Prise en charge

S’il semble aujourd’hui légitime de baser la médecine sur des preuves, la psychiatrie française, du fait de son imprégnation psychanalytique persistante, bénéficie d’une sorte de dispense partielle dont les prétextes demeurent pour la plupart des idées reçues. Il s’agit pourtant d’une spécialité médicale qui doit non seulement pouvoir bénéficier des dernières avancées de la science mais également se soumettre aux règles de déontologie qui s’appliquent au reste de la médecine, avec comme préoccupation première la qualité des soins délivrés aux patients. Ce KOllectif 7 janvier aspire donc à une psychiatrie française basée sur les preuves scientifiques plutôt que sur des croyances. Je vous laisse découvrir son manifeste (également sur Facebook) :

KOllectif du 7 janvier

« Pour une psychiatrie et une psychologie basées sur des preuves scientifiques »

L’autisme a été déclaré « grande cause nationale » pour 2012.  Partout dans le monde, ce handicap est pris en charge par des méthodes éducatives qui ont fait leurs preuves, à la fois sur un plan scientifique et dans la vie des enfants qui en sont atteints, que ce soit en Europe du Nord, en Grande Bretagne, aux  États-Unis, en Australie, au Japon (et dans la plupart des pays d’Asie) en Espagne, au Canada, en Belgique.

Partout… Sauf en France où les familles se heurtent à la résistance de pédopsychiatres et d’autres professionnels d’obédience psychanalytique qui récusent ces méthodes d’inspiration cognitivo-comportementale.

Un récent documentaire, Le Mur, réalisé par Sophie Robert avec l’association Autistes Sans Frontières a dénoncé cette situation unique au monde en interviewant des psychanalystes reconnus sur leur approche de l’autisme. Cette démarche lui a valu d’être attaquée par trois des psychanalystes qui estimaient avoir été piégés. Elle a été condamnée à leur verser 34 000 euros pour « atteinte à l’image et la réputation », et à retirer les interviews concernées. Elle a depuis fait appel de ce jugement.

Ce procès a soulevé un vent de révolte du côté des parents et de nombreux psys qui réprouvent cette forme de censure et déplorent qu’aucune discussion ne soit possible. La presse a relayé cette atteinte à la liberté d’expression. Au fil des jours, un comité de soutien puis un groupe de dialogue se sont constitués, rassemblant des psychiatres, des psychologues, des parents, des patients, des scientifiques, des professeurs de collège, de lycée, d’université et une femme politique.

Ils partagent :

Une indignation certaine devant la prédominance de l’approche psychanalytique au sein de la psychiatrie et de la psychologie françaises
L’aspiration à une psychiatrie moderne, ouverte sur le monde, appuyée sur des recherches scientifiquement validées, qui concernerait aussi bien les personnes avec autisme que tous les autres patients.

Cette psychiatrie se reconnaîtrait dans les énoncés suivants :

1. La psychiatrie est une discipline médicale

Pour être humaniste, elle doit obéir aux mêmes exigences que l’ensemble des disciplines médicales :

– Être capable de nouer une alliance thérapeutique entre le patient, et éventuellement sa famille et les soignants

– Son enseignement et sa pratique doivent être fondés sur des preuves, avec réactualisation continue des connaissances.

–  Elle doit respecter la déontologie médicale, avec au premier chef le souci de la qualité du service rendu au patient

– Elle doit mettre en jeu l’ensemble des moyens pertinents et une information loyale et contradictoire du patient et le cas échéant de ses représentants légaux sur les troubles et sur les prises en charge.

2. Les psychothérapies sont les pratiques du soin psychologique

– Elles doivent s’appuyer sur des modèles psychologiques compatibles avec l’état des connaissances sur les troubles qu’elles entendent soigner.

– Au même titre que les autres modalités de soins, leurs effets doivent être évaluées en terme de service rendu : bénéfice / risque / coût.

– Elles doivent non seulement atténuer la souffrance qui s’exprime dans les symptômes, mais aussi améliorer la qualité de vie.

– Elles doivent faire appel à des professionnels spécialement formés, et à même de mettre à jour leur pratique avec l’évolution des connaissances.

– La formation initiale et continue des psychothérapeutes comme celle de tous les soignants doit être obligatoire : ce qui implique un dispositif de contrôle de sa qualité et de son suivi par les intéressés, tout comme à l’étranger.

3. Les personnes en situation de handicap psychique ont droit à la promotion de leur développement et de leur qualité de vie,

intégrant leur insertion sociale, familiale, scolaire et professionnelle selon les situations. Le soin n’est qu’un aspect de la réponse à la détresse. Le monde de l’enseignement et celui du travail sont aussi impliqués dans la promotion du bien-être et de la qualité de vie de chacun.

4. Les données concernant l’autisme infantile sont maintenant parfaitement claires

Les enfants autistes  ont besoin de soins efficaces fondés sur des preuves qui leur permettent une scolarisation en milieu habituel. L’élément qui choque le plus les étrangers réside en ce que 80% des autistes ne soient pas scolarisés en France et que nombre de familles doivent emmener leurs enfants en Belgique pour avoir enfin des soins conformes à l’état des connaissances scientifiques.

Or il existe 27 études, trois méta-analyses et des recommandations publiées par des agences officielles : françaises, américaines, anglaises et espagnoles qui affirment que les seules méthodes ayant prouvé leur capacité à atteindre cet objectif dans environ 50% des cas sont des méthodes comportementales et cognitives. Aucune autre méthode n’a jusqu’à présent fait preuve de son efficacité (cf. références).

Bien entendu, cet état des lieux est provisoire et devra être révisé en fonction du progrès des connaissances scientifiques. Pour cela, plus de recherches sont nécessaires, sans exclusivité théorique,  à la fois sur les facteurs biologiques et psychosociaux sous-jacents aux troubles, et sur l’amélioration et l’évaluation des approches psychothérapiques et éducatives.

Signataires initiaux :

Mme Brigitte Axelrad – Professeur honoraire de philosophie et de psychosociologie.

Dr. Jean Brissonnet – Physicien. Auteur et conférencier sur le thème des médecines non-conventionnelles.

Dr. Jean Cottraux – Psychiatre Honoraire des Hôpitaux, ancien chargé de cours à l’Université. Lyon 1, HDR.

Pr. Esteve Freixa i Baqué – Professeur d’Épistémologie et Sciences du Comportement.

Dr. Nicolas Gauvrit – Maître de conf. en Mathématiques (Univ. d’Artois et Paris VII), Docteur en sciences cognitives.

Dr. Nouchine Hadjikhani – Médecin-chercheur en neurosciences.

M. Yann Kindo, – Professeur d’histoire-géographie, militant rationaliste.

Dr. Guillaume de Lamérie – Psychiatre, psychothérapeute, praticien hospitalier.

Mme Alexandra Meert – Psychologue, psychothérapeute comportementaliste.

M. Gérard Mercuriali – Parent d’enfant TED, professeur d’EPS.

Mme Magali Pignard – Parent d’enfant TED, Agrégée de physique.

Dr. René Pommier – Maître de conférences honoraire docteur d’Etat  (littérature française Paris IV) et écrivain.

M. Jérôme Quirant – Maître de conférences , Université Montpellier II.

M. Jean-Louis Racca – Professeur de mathématiques, militant rationaliste.

Dr. Franck Ramus – Directeur de recherches au CNRS, docteur en sciences cognitives.

Mme Isabelle Resplendino – Secrétaire Nationale-Adjointe du Collectif des Démocrates Handicapés.

Mme Sophie Robert – Scénariste, réalisatrice et productrice.

Dr. Igor Thiriez – Psychiatre, psychothérapeute, praticien hospitalier

Mme Chantal Tréhin – Neuropsychologue, Parent d’enfant TED, formatrice.

Dr. Laurent Vercueil – Médecin neurologue hospitalier, doc. en neurosciences, INSERM U836.

Dr. Dominique Yvon – Parent d’enfants TED, Physicien-chercheur.


Références

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2. Bibby, P., Eiseseth, S., Martin, N. T., Mudford, O. C. and Reeves, D. (2001). Progress and outcomes for children with autism receiving parent-managed intensive interventions. Res Dev Disabil, 22, 425-447.

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Meta analyses

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2. Ortega JVR (2010). Applied behavior analytic intervention for autism in early childhood: Meta-analysis, meta-regression and dose–response meta-analysis of multiple outcomes, Clinical Psychology Review 30, 387–399.

3. Diggle TTJ, McConachie HHR. Parent-mediated early intervention for young children with autism spectrum disorder. Cochrane Database of Systematic Reviews 2002, Issue 2. Art. No.: CD003496. DOI: 10.1002/14651858.CD003496.

Revues et recommandations

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2. INSERM. Psychothérapie : trois approches évaluées, expertise collective (O. Canceil, J. Cottraux, B. Falissard, M. Flament, J. Miermont, J. Swendsen, M. Teherani, J.M. Thurin), INSERM, 2004 ; synthèse en ligne : www.inserm.fr/content/download/1420/13020/file/psychotherapie_synthese

3. Fuentes-Biggi J., dir.- Guida de buena pratica para el tratamiento de los trastornos del espectro autista, in :Revista de Neurologia, 2006, n° 7, vol. 43, pp.425-438 / traduction de Ka rina Alt : Guide de bonnes pratiques dans le traitement des Troubles du Spectre Autistique. Recommandations du Groupe d’Etudes sur les Troubles du Spectre Autistique de l’Institut de Santé Carlos III, 30 pages. http://satellite.satedi.org/IMG/pdf/GUIDE_traitement_des_TSA_Institut_Carlos_III.pdf

4. Myers SM and Plauché Johnson C. Management of Children With Autism Spectrum Disorders, Pediatrics 2007;120;1162; originally published online October 29, 2007. DOI: 10.1542/peds.2007-2362.

5. National Health Service (NHS). Scottish Intercollegiate Guidelines Network (SIGN) : Assessment, diagnosis and clinical interventions for children and young people with autism spectrum disorders. A national clinical guideline, July 2007.

6. National Autism Center (NAC) : Findings and conclusion. Addressing the need for evidence based practice guidelines for autism spectrum disorders. 2009 National Autism Center 41 Pacella Park Drive Randolph, Massachusetts 02368.

Vous avez dit « hystérique »?

Considérations, Psychanalyse, Troubles de la personnalité

Le champ sémantique de l’hystérie, tout comme celui de la schizophrénie, demeure employé à tort et à travers que ce soit dans la population « générale » où dans les milieux « soignants ». Les fréquents abus d’étiquetage combinés à la connotation extrêmement négative de cette hystérie aboutissent hélas fréquemment à des conduites discriminatoires, notamment sexistes et bien sûr, à des soins de mauvaise qualité.

Depuis l’antiquité, la notion d’hystérie reste associée à la facticité, et par une malheureuse extension, à l’inauthenticité d’une souffrance. Ainsi, il n’est pas rare de constater chez certains soignants la rigidité d’une pensée très dysfonctionnelle : plus une souffrance est exprimée intensément, moins elle est authentique. Contrairement à une nouvelle idée reçue, ce type de pensée se retrouve équitablement répartie sur l’échelle soignante, à savoir aussi bien chez les aides-soignants que chez les médecins ou les psychologues.

Odieux simulateurs?

La véritable simulation reste heureusement rarissime. Il s’agit par ailleurs de l’un des (non) diagnostics les plus difficiles à poser. Une enquête poussée doit souvent s’associer à une observation minutieuse pour permettre ne serait-ce que de l’évoquer. Il est souvent de bon ton de rappeler que la notion d’hystérie et celle de simulation se distinguent l’une de l’autre par le fait que le symptôme soit exprimé consciemment (simulé) ou inconsciemment (hystérisé), mais le problème du « faux » symptôme demeure et notamment le fait que celui-ci soit interprété comme l’expression d’une « fausse » souffrance. Quant à la limite entre ce qui est conscient et ce qui ne l’est pas, entre ce qui est volontaire et ce qui ne l’est pas, celle-ci n’est souvent pas très claire.

Le mal est ailleurs?

Il s’agit de l’hypothèse principale développée au moins depuis l’antiquité. Les manifestations de l’hystérie, aussi variées soit-elles, ont rapidement été reliées à l’utérus (comme le nom l’indique), et expliquées par le fait que cet utérus puisse se déplacer dans le corps pour provoquer un vaste cortège de symptômes. Les rapports sexuels et la maternité constituaient le moyen de remettre et de tenir cet utérus à sa place, donc le traitement de choix.

Du chemin aurait été parcouru depuis cette antiquité, et depuis le moyen-âge durant lequel la plupart de ces femmes étaient envoyées au bucher. Le célèbre Charcot relocalise officiellement l’origine de ces manifestations au cerveau il y a plus d’un siècle et ose même envisager que cette hystérie puisse exister chez l’homme, ceci avant, ou pendant que Freud ne se réapproprie le concept pour fonder sa psychanalyse. Ce dernier postule initialement que de telles manifestations, notamment des crises souvent spectaculaires seraient la conséquence d’un traumatisme infantile à caractère sexuel, une hypothèse qu’il réfute lui-même ultérieurement sas vraiment l’abandonner. Il envisage tout d’abord que ce ou ces traumatismes soient oubliés et doivent être ramenés à la conscience avant de constater un phénomène aujourd’hui bien connu : celui des faux souvenirs induits qu’il qualifie alors de fantasmes. Une fois encore, il peine à renoncer totalement à cette idée d’une origine traumatique, probablement car cela impliquerait alors de remettre profondément en cause la discipline dont il est à l’origine.

Cette idée obsédante d’un traumatisme obligatoire demeure chez de nombreux thérapeutes, et pas seulement les charlatans. Ceci incite de nombreux patients à chercher une cause à leur mal être dans leur histoire personnelle, plutôt qu’un soulagement immédiat possible sans forcément avoir recours à des médicaments. Or l’identification d’une cause, réelle ou non, traumatique ou non, n’entraîne pas forcément le soulagement attendu.

Odieux insatisfaits?

L’hystérie reste également et très largement considérée comme un défi lancé (par l’inconscient d’un patient) à la médecine. Depuis la naissance de cette médecine, l’hystérie est évoquée face à des symptômes dont aucune cause organique n’est retrouvée. L’humanité ayant horreur de l’inexpliqué, celle-ci dévoile une tendance systématique à attribuer des causes à l’inexplicable : l’intolérance au doute prime alors volontiers sur la véracité de cette causalité. Ainsi, l’hystérie est envisagée avec plus ou moins de conviction face à ce genre de manifestations non élucidées : déplacer l’origine d’un problème là où il ne pourra pas être élucidé davantage relève pourtant de la diversion. Or pour beaucoup, cette explication est suffisante, même si elle n’apporte pas davantage de preuves.

Certains de ces postulats se retrouvent dans le principe du diagnostic d’élimination qui veut que : tout diagnostic psychiatrique ne peut être envisagé qu’après avoir éliminé une cause organique. Tout à fait louable sur le papier, cette démarche ne rend pas forcément compte du fait que le diagnostic d’une maladie organique prend parfois du temps, entre quelques minutes et plusieurs années, voire plusieurs décennies, sans parler des progrès de la science et de la médecine. L’effet pervers d’un étiquetage tel que l’hystérie réside dans l’enfermement dans un circuit psychiatrique duquel il est parfois difficile de sortir.

On entend volontiers certains cliniciens affirmer de façon péremptoire que l’hystérie, dans sa toute-puissance, continue à résister à la médecine en s’adaptant aux modes des différentes époques. Ceci pourrait alors expliquer que la présentation symptomatique de ce qu’ils qualifient d’hystérique soit résolument différente de celle de l’époque de Freud. Or il suffit de se pencher sur ces descriptions des grandes hystériques de Freud pour constater qu’il s’agit de troubles neurologiques et psychiatriques aujourd’hui clairement identifiés : épilepsie, syncopes, états confusionnels, attaques de panique, catatonie etc. soit autant de patients qui bénéficieraient aujourd’hui de traitements efficaces et adaptés. Les manifestations qualifiées aujourd’hui d’hystériques pourraient correspondre à d’authentiques maladies organiques non encore identifiées, ou reconnues. La fameuse fibromyalgie, actuellement encore très décriée, illustre bien ce phénomène.

Excellente parade médico-psychologique à l’échec, à l’absence de savoir, l’étiquetage hystérique se retrouve parfois  ainsi employé pour désigner des patients plaintifs et insatisfaits, éternels ou non. L’idée d’une impuissance ou de l’échec étant inenvisageable, il devient préférable de proclamer que la souffrance n’existe pas réellement, que ce genre de patient ne sera jamais soulagé donc satisfait. Comme les hystériques de Freud, ces gens-là ne sont pas nés à la bonne époque tout simplement.

L’hystérie n’existe pas?

D’un point de vue médical, l’hystérie désigne aujourd’hui les traits histrioniques de la personnalité, qu’un clinicien peut évoquer face à un égocentrisme, des attitudes théâtrales et séductrices, une suggestibilité ou un discours superficiel. Ces critères dont la plupart sont regroupés dans le DSM jusqu’à sa quatrième version se révèlent fort peu spécifiques. Il ne s’agit pas de nier l’existence de ce type de personnalité mais de rappeler que ces traits peuvent souvent masquer, ou découler d’authentiques pathologies psychiatriques, à commencer par certains troubles de l’humeur mixtes, à dominance dépressive ou maniaque. De même que l’exaltation (souvent liée à la consommation de certaines substances) ou que certains aspects culturels souvent négligés, l’angoisse peut provoquer de telles manifestations, et ce quelle que soit son origine (attaque de panique dans le cadre d’un trouble anxieux, dysphorie prémenstruelle, hallucinations, confusion etc.). Il est par ailleurs tout à fait possible qu’un patient soit naturellement « bruyant », exubérant, plaintif et dramatisant. Rien ne l’empêche alors de développer d’authentiques maladies psychiatriques. Or, quand ces maladies ne sont pas purement et simplement réfutées au profit de la sacrosainte hystérie, la maladie psychiatrique diagnostiquée s’en trouve souvent colorée : c’est le cas lorsque certains cliniciens proclament fièrement la « psychose hystérique », et sous-entendent plus ou moins directement que les symptômes manifestés (délire, hallucinations etc.), alors teintés par ces traits de personnalité, ne sont pas vraiment authentiques.

Il semble que dans la prochaine version du DSM, le trouble de la personnalité histrionique ait disparu, ce qui me réjouit profondément. Le diagnostic d’hystérie, dans toutes ses significations, qu’il soit porté par un médecin, un psychologue, un psychanalyste ou toute autre soignant, ne sert qu’à consoler, à rassurer, à légitimer l’impuissance et l’échec de celui qui le pose. Pour un patient, ce type de diagnostic est non seulement inutile mais nuisible.