Effets Secondaires ♥♥♥½

Cinéma, Effets secondaires

Synopsis : Jonathan Banks est un psychiatre ambitieux. Quand une jeune femme, Emilie, le consulte pour dépression, il lui prescrit un nouveau médicament. Lorsque la police trouve Emilie couverte de sang, un couteau à la main, le cadavre de son mari à ses pieds, sans aucun souvenir de ce qui s’est passé, la réputation du docteur Banks est compromise…

Effets SecondairesLa conspiration n’est pas aussi répandue qu’on le croit, et lorsque qu’un complot est en marche, il n’est pas forcément celui qu’on croit, ou celui que nous sommes incités à croire. La fausse piste relative nous conduit vers les dérives de l’industrie pharmaceutique, soupçonnée de vendre des psychotropes dangereux en connaissance de cause par l’intermédiaire de psychiatres corrompus, le tout orchestré par le pouvoir de l’argent. Mais c’est justement cette croyance (pas forcément délirante) qui est instrumentalisée par les véritables comploteuses à l’œuvre dans cette histoire. Si la première partie du film reste assez barbante, y compris pour un psychiatre, la seconde ravive celui qui aura su ne pas se décourager. Catherine Zeta-Jones, qui a récemment révélé sa bipolarité, se révèle ici en psychiatre délicieusement machiavélique tandis que Jude Law, encore une fois un peu trop beau pour être vrai (dans tous les sens du terme), nous offre au moins une version dépoussiérée du psychiatre au cinéma : ni vieux, ni barbu, ni pervers, ni plus « fou » que ses patients.

Cinéma et schizophrénie

Cinéma, Revues Pro, Troubles psychotiques

Les psychiatres ne cessent de clamer, à juste titre, que les médias stigmatisent les malades mentaux. Si la « diversité » des faits-divers reste encore majoritairement consacrée aux mauvaises nouvelles et aux tragédies, rien n’empêche à priori les œuvres plus ou moins fictionnelles de dresser des portraits positifs ou au moins réalistes de patients atteints de troubles psychiatriques.

Une psychiatre texane s’est ainsi penchée sur les films récents (principalement américains et sortis entre 1990 et 2010) dont au moins un personnage présentent les caractéristiques de schizophrénie. Il en ressort que ces malades psychiatriques du cinéma relayent une vision erronée et très caricaturale de la maladie.

Les amalgames avec d’autres troubles persistent si bien qu’il n’est pas rare de constater chez ces pseudo-schizophrènes des comportements violents pour ne pas dire psychopathiques dignes des tueurs en série, mais également des talents particuliers évoquant le syndrome d’Asperger, ceci jusqu’aux pouvoirs surnaturels, sans parler des personnalités multiples, un phénomène aussi rare que l’alignement de toutes les planètes du système solaire. Pour beaucoup de ces pseudo-schizophrènes, la maladie serait d’origine purement traumatique et la guérison peut survenir, notamment par amour. La grande majorité de ces personnages sont violents, ce que ne seront jamais plus de 90% des vrais schizophrènes. Le cinéma moderne ne semble hélas pas disposé à renoncer à la bonne recette du schizophrène sensationnel et/ou dangereux, et ne contribue que rarement à donner une image positive et/ou réaliste des malades mentaux. L’auteure attribue tout de même des bons points à trois films et trois acteurs : Le Soliste (Jamie Foxx), Some Voices (Daniel Craig) et Canvas (Marcia Gay Harden).

J’ai récapitulé dans ce tableau les données concernant la schizophrénie au cinéma et dans la réalité :

Cinema

Réalité

Sexe 79% d’hommes 50%
Ethnie 95% de caucasiens Pas de prédominance
Hallucinations auditives 62% 50-80%
Hallucinations visuelles 52% 15%
Hétéro-agressivité 83% 3-5% (risque X4 en cas d’abus d’alcool ou de drogue)
Homicide 31% 0,3% (contre 0,02% en population générale)
Auto-agressivité 69% 20-40%
Suicide 24% 10-15%

Owen PR. Portrayals of Schizophrenia by Entertainment Media: A Content Analysis of Contemporary Movies. Psychiatr Serv. 2012 Jul;63(7):655-9.

Article sur Medscape

Fazel S, Gulati G, Linsell L, Geddes JR, Grann M. Schizophrenia and violence: systematic review and meta-analysis. PLoS Med 2009;6(8):e1000120.