Vous avez dit « psychose noire »?

Revues Pro, Troubles psychotiques

Les données préliminaires d’une étude américaine suggèrent que la « méfiance culturelle » des patients afro-américains contribue à un surdiagnostic de schizophrénie chez ces derniers.

Les chercheurs ont en effet procédé à une nouvelle analyse des données d’une étude concernant 610 patients suivis dans six centres médicaux géographiquement distincts, parmi lesquels 244 sont afro-américains.  Outre les échelles de dépression, de manie et de psychose couramment utilisées dans le domaine, ces derniers ont été soumis à un indice de méfiance culturelle, un outil développé il y a une trentaine d’année pour tenter de mesurer les suspicions des afro-américains à l’égard d’une société américaine dominée par les blancs. Les participants y sont questionnés sur leur adhésion à certaines déclarations telles que : « les noirs devraient se méfier des blancs qui veulent être amicaux » ou « les policiers blancs ont tendance à inventer des histoires pour faire passer les gens comme des coupables ».

Les scores ainsi relevés ont été corrélés de façon significative aux scores de psychose totale, d’hallucinations et de dépression, mais pas à la manie ni aux comportements bizarres.

Le trouble bipolaire et la schizophrénie demeurant les deux principaux diagnostics longitudinaux portés en présence de manifestations psychotiques, ces résultats pourraient éventuellement expliquer pourquoi le diagnostic de trouble bipolaire est moins fréquent chez les patients noirs américains. L’éventuel surdiagnostic de schizophrénie reposerait donc en partie sur des facteurs culturels de méfiance découlant de l’expérience personnelle ou d’un apprentissage socio-culturel.

Si ces éléments se confirment à travers d’autres études qui pourraient aussi concerner d’autres minorités et d’autres pays (le contexte américain n’est pas forcément transposable à la France notamment), il apparaît essentiel que les cliniciens soient mieux formés à la prise en considération des facteurs culturels, tout comme les développeurs d’outils diagnostiques.


Psychosis may be overdiagnosed in blacks (MedPage Today)

Lawson W, et al. Cultural mistrust and psychopathology in African AmericansAPA 2012; Abstract NR7-45.

Un psychotrope vaut mieux que deux (de la même classe).

Effets secondaires, Médicaments, Revues Pro, Troubles de l'humeur

Quelques publications récentes plaident en faveur de la bonne vieille monothérapie, que ce soit en matière de dépression, de trouble bipolaire ou de schizophrénie.

Pour commencer, plus de six cent patients déprimés ont été répartis en trois groupes : le premier destiné à une monothérapie antidépressive par escitalopram (Seroplex), le deuxième à une bithérapie associant escitalopram et bupropion (Zyban), le troisième à une autre bithérapie associant venlafaxine et mirtazapine (Norset). Aucune différence n’a été retrouvée en matière de rémission ou de réponse à 12 et à 24 semaines de traitement tandis que le risque d’effet secondaires semble accru avec l’association venlafaxine/mirtazapine.

Rush A, et al. Combining Medications to Enhance Depression Outcomes (CO-MED): acute and long-term outcomes of a single-blind randomized study. Am J Psych 2011 May 2; DOI: 10.1176/appi.ajp.2011.10111645.

Une centaine de patients schizophènes traités par plusieurs antipsychotiques ont été répartis en deux groupes : le premier visait à réduire le traitement à une monothérapie, le second à conserver cette polythérapie. Six mois plus tard, les interruptions de traitement étaient plus fréquentes dans le premier groupe (31 % contre 14 %). En revanche, aucune différence n’a été retrouvée quant aux symptômes de la maladie. Sur le plan des effets secondaires, une perte de poids a été constatée dans le premier groupe et une prise de poids dans le second.

Essock SM et al. Effectiveness of switching from antipsychotic polypharmacy to monotherapy. Am J Psychiatry Am J Psychiatry 2011; 168:702-708.

Enfin, 283 patients bipolaires traités par des régulateurs de l’humeur (anticonvulsivants ou antipsychotiques) ont été répartis en deux groupes : les patients du premier bénéficiaient d’une adjonction de lithium tandis que ceux du second groupe conservaient leur traitement tel quel. Aucune différence n’a été retrouvée au niveau des symptômes mais les effets secondaires se sont révélés plus importants dans le premier groupe.

Calabrese JR. Lithium treatment moderate dose use study — A randomized comparative effectiveness trial of the adjunctive use of lithium. APA 2011.