Souffrance et déni de psychanalys(t)e

Autisme, Considérations, Psychanalyse

Un éminent confrère et Professeur s’est récemment exprimé au sujet de la souffrance des enfants autistes qui lui semble « niée et déniée au fil des polémiques haineuses et ravageuses qui ont eu lieu ces dernières années, et qui ont amené la disqualification que l’on sait du soin psychique, de la psychanalyse et des psychothérapies dans le champ de l’autisme infantile ».

Cette énième posture victimaire (pauvres de nous) et démagogique (pauvres enfants), révélatrice de cet incroyable égocentrisme psychanalytique, semble surtout révéler la souffrance de celui qui ne sait plus aborder celle des autres sans avoir préalablement mis en avant la sienne. Les coupables sont logiquement désignés sans avoir vérifié le postulat de départ : ce sont bien évidemment les parents « qui n’aiment guère qu’on le leur rappelle tant ils souffrent eux-mêmes de la souffrance de leur enfant » et bien sûr ces fameuses « polémiques haineuses et ravageuses », à savoir les critiques de la psychanalyse. Nous assistons donc à la nouvelle éclosion d’un délire désormais bien connu, au sein duquel des persécuteurs instrumentalisent des parents fragilisés dans le but de nuire à la psychanalyse.

Déni de souffrance? Où es-tu? D’où viens-tu?

Cela fait maintenant quelques années que je côtoie plus ou moins directement des parents d’enfants autistes, à travers des échanges, des lectures de témoignages ou dans le cadre professionnel. Je n’ai encore jamais vu un parent refuser d’admettre la souffrance de son enfant autiste, ni même la sienne sous prétexte qu’elle serait moindre ou non prioritaire. Il s’agit évidemment de mon point de vue, celui d’un psychiatre, psychothérapeute et non psychanalyste, celui d’un critique catalogué plus haut comme haineux et ravageur mais qui, curieusement, n’a lui non plus jamais nié ou dénié cette fameuse souffrance. Ce déni ne pourrait il donc pas provenir des fantasmes de ceux-là mêmes qui le dénoncent, des interprétations sauvages effectuées sur la base d’un refus de diagnostic, de prise en charge ou à partir d’une simple réticence parentale?

Déni de souffrance? Où vas-tu? Que veux-tu?

La souffrance doit conduire au soin, le soin doit conduire à la psychanalyse (plus ou moins cachée derrière la psychiatrie et la psychothérapie) : cette croyance a été bien enracinée dans le pays par la communauté psychanalytique. Dans ce contexte, il n’est pas aberrant d’imaginer que refuser la psychanalyse implique de refuser les soins, de refuser la souffrance. Il s’agit d’une croyance que j’estime au moins partiellement responsable de la situation catastrophique en France, ce fameux retard de 40 ans. Le soin ne peut et ne doit pas être la réponse à toutes les souffrances. Le soin ne peut et ne doit pas être qu’un synonyme ou un dérivé de psychanalyse. Il est essentiel de dissocier la psychanalyse de ce qu’elle prétend être seulement quand ça l’arrange : une psychothérapie ou une médecine.

Mais pourquoi les parents refuseraient-ils de confier leur souffrance et celle de leur enfant autiste à la psychanalyse?

Cet article en est la parfaite réponse tant il illustre ce qu’un psychanalyste peut faire et ne peut pas faire de cette souffrance.

  • Ce qu’il peut faire dans un premier temps, c’est la romancer avec une imagination sans limites et un jargon qui ne l’est pas moins. Des « angoisses de chutes sans fond, angoisses de chute sans fin, angoisses de vidange, angoisses de liquéfaction, agonies primitives, angoisses catastrophiques ou encore des angoisses de perte d’objet sur le plan des relations qui se jouent en atmosphère triadique ou triangulée » (sans désigner directement les organes sexuels et les parents, c’est toujours mieux), mais aussi des « angoisses d’arrachage ou de dé-fusion sur le plan des liens primitifs qui se jouent en atmosphère dyadique, et des angoisses dites archaïques sur le plan des enveloppes qui se jouent en atmosphère principalement monadique » (l’angoisse est partout, dans toutes les situations).
  • Ce qu’il peut faire dans un deuxième temps, c’est bricoler une explication et surtout la verrouiller par l’irréfutabilité. Les autistes échoueraient donc à creuser un écart intersubjectif, ou pas : « Certains enfants autistes échouent à creuser l’écart intersubjectif et, pour eux, l’objet demeure, en quelque sorte, une question sans objet (autisme typique), tandis que d’autres, ou les mêmes après un certain temps d’évolution, sont capables de prendre en compte cet écart intersubjectif […] ». Si l’autiste ne l’est pas, ou ne l’est plus, il l’est quand même, mais sous une forme atypique.
  • Ce qu’il peut faire dans un troisième temps (du rebours intuitivo-interprétatif), c’est poursuivre l’édification de son mythe des profondeurs, remonter la seule et unique trajectoire qui soit compatible avec ses croyances de psychanalyste : celle qui mène à l’origine, à la source, à la coupable que nous connaissons tous. Ce grand professeur fait partie de ceux qui ont osé proclamer qu’il en était fini du temps où les psychanalystes culpabilisaient les mères, mais que resterait-il de la psychanalyse sans les mères toxiques, insuffisamment bonnes, phalliquement lourdes, mal censurées en tant qu’amantes de leur enfant ou pour qui quelque chose fait faillite au niveau de l’amour? Pour la cuvée 2014, la mère d’un enfant autiste sera donc qualifiée d’insuffisamment « synchronisante » et l’autiste restera considéré comme un être humain qui n’est pas né « psychiquement ».
  • Ce qu’il ne peut pas faire, c’est avant tout, et comme les lignes précédentes l’illustrent, faire évoluer ses idées et donc ses pratiques en fonction des progrès des autres, qu’il s’agisse des progrès de la science, des autres « courants » mais aussi de ceux des parents et des autistes eux-mêmes. Il existe certes plusieurs « écoles », plusieurs « vagues » de psychanalyse mais celles-ci ne diffèrent que par ce qu’elles ont à perdre, et donc par leurs méthodes de communication. Le brouhaha global qui s’en échappe mêle donc logiquement des propos ouvertement méprisants et d’autres plus rassurants : le double langage à l’échelle de la communauté psychanalytique. Mais il suffit de gratter très légèrement la croute de la frange la plus conciliante (incarnée par ce cher Professeur) pour constater que dans le fond, tous restent soudés à leurs convictions les plus délirantes.
  • Ce qu’il ne peut pas faire, c’est sortir d’un attentisme thérapeutique. La croyance dominante et terriblement ancrée demeure celle que quelque chose doit se débloquer, mais qu’il ne peut y contribuer de façon active (d’où la fameuse attente de « l’émergence du désir »). Il s’agit d’un mode de pensée typiquement superstitieux au sein duquel toute intervention trop directe du psychanalyste rendrait des progrès moins réels, moins valables, moins durables. Les bénéfices secondaires et hautement renforçateurs de cette croyance sont évidents : la psychanalyste ne peut pas se considérer responsable d’une absence de progrès à partir du moment ou ce fameux « déclic » ne doit pas venir de lui.
  • Ce qu’il ne peut toujours pas faire, c’est partager l’offre de soins avec d’autres modes de pensée ou d’autres approches qui ne valideraient pas ses principales croyances. La préservation de celles-ci reste la priorité absolue, un phénomène illustré d’un coté par les innombrables scissions effectuées dans l’histoire de la psychanalyse et de l’autre par ces approches « pluridisciplinaires » ou « intégratives », mais toujours très sélectives…

Que conclure et qui culpabiliser?

Je vous livre donc la conclusion de l’éminent Professeur concernant ce déni de souffrance :

C’est ce que j’ai voulu montrer ici pour dire que le déni de leur souffrance a, bien entendu, valeur de défense et de protection des adultes qui les côtoient, mais qu’il se retourne en dernier ressort contre les enfants et leur reconnaissance en tant que sujets en devenir.

Puis vous offre la mienne, qui diffère en un point :

C’est ce que j’ai voulu montrer ici pour dire que le déni de leur souffrance a, bien entendu, valeur de défense et de protection des adultes qui les côtoient, mais qu’il se retourne en dernier ressort contre les psychanalystes et leur reconnaissance en tant que sujets en devenir.

Mais finalement qui est donc dans le déni?

32 réflexions sur “Souffrance et déni de psychanalys(t)e

  1. J’ai un peu l’impression que vous faites le jeu de l’anti-psychiatrie à ne pas voir au delà des mots. La neurobiologie et les TCC c’est très bien, mais faut voir à ne pas être aussi fermé que les psychanalystes peuvent l’être. On peut parfaitement avoir une grille de lecture psychanalytique tout en étant sensible aux avancées de la science (que ce soit les études d’imagerie fonctionnelle ou les études sur le burinex). Pour moi, l’approche intégrative est idéale : TCC et médicament en traitement symptomatique, inspiration psychanalytique en soutien (voir même parfois en traitement étiologique). Et je parle pas que de l’autisme, je parle de quasiment toutes les pathologies psychiatriques.
    Je veux bien croire que les psychanalystes vous tapent sur les nerfs, mais tout de même, quand on s’intéresse un peu à l’histoire de la psychiatrie, on se rend vite compte que sans elle, la psychiatrie ne serait que de la neurologie fonctionnelle (avec tout le côté déshumanisant que cela sous-entend). Personnellement je crois que ça va – un peu – au delà de ça.
    Cordialement,

    1. Votre commentaire illustre bien à quel point la psychanalyse semble pour beaucoup indissociable de la psychiatrie, et pour cause, critiquer la psychanalyse reviendrait à critiquer la psychiatrie au point de « faire le jeu de l’anti-psychiatrie » (dont j’ai toujours combattu la frange scientologue au passage)
      Vous semblez persuadé que sans la psychanalyse, la psychiatrie serait devenue quelque chose de déshumanisant. Je ne pense pas, ceci pour la simple et bonne raison que la psychanalyse n’est pas le seul courant « humanisant » de la psychiatrie. Votre théorie, si elle devait se vérifier, impliquerait que les psychiatries les moins influencées par la psychanalyse soient « déshumanisantes », notamment en Europe du Nord et ce n’est pas le cas.
      Les psychanalystes ne me tapent pas sur les nerfs. Ils m’amusent parfois, et me scandalisent souvent, notamment en matière d’autisme.
      Contrairement à beaucoup de psychiatres français qui se réfugient dans le consensus mou, je m’y refuse.

    2. Deux remarques:
      – quelles données factuelles viennent à l’appui de l’hypothèse selon laquelle une dose d’inspiration psychanalytique ajoutée aux traitements fondés sur des preuves rend la prise en charge plus efficace que les traitements fondés sur des preuves seuls?
      – quelles données factuelles viennent à l’appui de l’hypothèse selon laquelle une dose d’inspiration psychanalytiques ajoutée aux traitements fondés sur des preuves rend la prise en charge plus humaine que les traitements fondés sur des preuves seuls? Qu’est-ce qui vous fait croire que la psychanalyse a le monopole de l’humanisme, et que les TCC sont déshumanisantes? Que connaissez-vous des TCC? Avez-vous été voir dans tous les autres pays où la psychanalyse a été abandonnée depuis longtemps, si la psychiatrie est moins humaine qu’ici? Quelques voyages vous feraient le plus grand bien.

    3. Yo Romeet!
      c’est super gentil votre com, « voir au delà des mots », c’est adorable, ça comblait tellement mes vélléités de bobos quand tout allait bien, comme ça faisait du bien quand j’étais bobo (bon en fait non, suis parti me « ballader », enfin bosser ailleurs assez vite en fait).
      Les personnes concernées et leurs parents, et beaucoup de « lambdas » en fait, rient à pleines dents forts de leur savoir profane à votre lecture de « votre histoire de la psychiatrie et de ce que ça « aurait donné », nan mais mdr ». Depuis quand VOTRE lecture de l’histoire (en fait ça n’est pas la votre pour info, c’est le gentil « story telling » initié par Lacan, dans une France qui avait 30 ans de retard sur les évolutions de l’asilaire, pas leur faute, mais on n’est pas obligé de garder les mêmes retards). Bref, votre discours est remarquable en ce qu’il perpétue nos 40 ans de retard…
      Parce que concrètement, j’ai dit « concrètement », dans la vie réelle, à quel stade de désinstitutionalisation nous trouvons nous en France comparé au reste de l’Europe ?

  2. Pauvres psychanalystes n’ayant plus rien à dire, les voici à mendier un strapontin… le soutien, voire un peu d’étiologie, SVP…. Les pauvres ! en être réduit à cela, eux qui 40 ans auparavant se moquaient de la psychologie humaniste (Rogers, Maslow)… ils ne m’amusent plus, ils me font pitié.
    Question !
    Pourquoi parlons nous encore des psychanalystes ??? Est ce du au fait de leurs apports récents ? …. non ils n’apportent plus rien depuis 30 ans…. on parle d’eux uniquement à cause de leurs malfaisances ! le jour où les psychanalystes n’iront plus sévir dans les hôpitaux et les établissements médico-sociaux…. fini ! ils seront oubliés, mis au rancard, relégués à n’être plus que des objets d’historiens….

  3. Franchement les parents refusent la psychanalyse , essentiellement par la nature même du diagnostic d’Autisme comme étant psychose infantile , invoqué par la psychanalyse elle même , sous couvert de pédopsychiatre , eux même de cette obédience Croyez en notre méfiance , de tout ce qui a trait au monde « Psy » je veux connaitre leur cursus , avant de leur confier mon enfant C’est exactement cela qu’il faut comprendre

  4. Quand à la souffrance , bien sur qu’elle est réelle demandez aux adultes autistes , induites sur tout par le rejet et l’incapacité à pouvoir faire accepter une différence Qui mieux que l’autiste ou son parent sait mieux la souffrance de ne pouvoir entendre sans être dérangé par des sons parasites La psychanalyse n’existe plus pour les autistes eux mêmes dès qu’ils peuvent s’en prémunir Oui la souffrance existe L’humanisme ne peut être réservé qu’aux professionnels quels qu’ils soit , qui considèrent nos enfants comme des égaux , et non comme des êtres de zoo à observer Et seuls les parents pour ce qui est des mineurs peuvent en décider

    1. Demandez même aux « moyens », ceux qui parlent mais sont tout aussi démunis que leurs pairs « sévères » vis à vis d’un environnement qu’ils doivent gérer (et qu’ont doit leur expliquer concrètement et factuellement ^^) ce qu’ils pensent de leur séance de psyblabla hebdo ? Pourquoi le seul moment où je récupère mon ado totalement stressé, replié sur ses angoisses et stéréotypies, prêt à me frapper (alors que toute forme d’aggressivité motrice a disparu en moisn de 6 mois d’une prise en charge « conforme », ok il a fallu 6 mois de plus pour le verbal, mais l’un dans l’autre en 1 an c’est plutot génial comme résultat sans médicament sur un « grand ») – bref, dans toutes ses prises en charge, ce sont 20 minutes (à peine, en plus il est toujours en retard sans prévenir), tous les 15 jours, pour voir revenir des comportements gênants » (oui à 14 ans l’hétéroagressivité ça peut aller vite) juste en allant voir ces connards (facile, en 10 minutes c’est « concentration sur tout le négatif, les situations d’échec, et ça c’est problématique » sans JAMAIS aucune solution, toujours on pointe le moindre problème, LE SEUL écart de 5 minutes pendant 1 mois, et on gratte, on gratte….).
      Je mets au défi nos beaux donneurs de leçons de supporter ça, ils peuvent me contacter ici pour des séances à leur convenance (c’est moi qui déciderai du nombre en fonction de ce qu’ils me disent – je préfère du liquide mais les chèques sont acceptés). Je suis très efficaces, j’ai 25 ans d’expérience et une supervision lacanienne.

  5. @Romeet, franchement vous êtes pitoyable et surtout vous montrez une ignorance crasse sur l’histoire de la psychiatrie française notamment en mettant de coté le grand Pierre Janet à qui Freud a volé le concept de psychologie dynamique et le terme de « psychanalyse », (Janet utilisait le terme d’analyse psychologique), Janet qui avec William James explora l’inconscient, etc…et je pourrai continuer la liste des psychiatres et psychologues humanistes que visiblement vous ignorez, tellement vous êtes enfermé dans vos préjugés et vos belles légendes dorées. lisez un peu toutes les hypothèses psychanalytiques quant à l’autisme de Margaret Mahler à Frances Tustin ont toutes été invalidées, elles se sont montrées à n’être que de belles contructions intellectuelles…. bref du blabla spéculatif… La psychiatrie n’est pas de la philosophie spéculative.

  6. Et bien, que d’agressivité… Répondre à quelqu’un qui prêche une approche intégrative alliant psychodynamisme et neurobiologie (approches qui ont toutes deux des limites, et je suis bien placé pour le savoir : DES de psychiatrie, DIU de TCC, Master 2 de neurosciences et psychopharmacologie) qu’il est pitoyable car il refuse de jeter le bébé avec l’eau du bain, ça me semble légèrement … intégriste.

    Pour répondre à F. Ramus, relisez les travaux du Pr. Falissard (polytechnicien, psychiatre et professeur de biostatistiques, directeur d’unité INSERM, etc.) sur l’évaluation des psychothérapies.

    C’est tout de même drôle cette absence de critique de l’EBM, comme si c’était la panacée, alors qu’en y regardant un peu de près (pour bosser dans un service hospitalo-universitaire qui publie beaucoup) on se rend compte que c’est malheureusement aussi très limité.

    Relisez aussi le très bon « de la folie au cerveau » (édition l’Harmattan) sur l’histoire de la neuropsychiatrie, ou l’on comprend que ce qui se passe actuellement en psychiatrie c’est un simple retour à des conceptions purement organicistes qui existaient déjà avant et qui, je le maintien, manquaient malheureusement d’humanisme…

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/10/07/bruno-falissard-logiciel-libre-de-la-sante-mentale_3491359_1650684.html

    1. C’est aussi très drôle, enfin pas tant que ça, que certains n’envisagent que la psychanalyse comme solution aux limites de l’EBM. C’est totalement injuste pour les astrologues, pour les homéopathes, pour les magnétiseurs et pour d’autres encore…

      1. Bah oui, c’est très drôle aussi, mais il me semble que ce n’est pas le sujet car personne ne dit que la psychanalyse est LA solution aux limites de l’EBM …

        Que la psychanalyse pose des problèmes, surtout quand elle est dogmatique, c’est une évidence. Mais ce que je crains c’est la dérive inverse : neurobiologiser la psychiatrie à outrance et jeter les apports psychodynamiques. On voit ce que ça donne dans certains services, je suis pas sur que les patients en sortent si gagnant que ça et surtout je ne vois pas en quoi se fermer totalement à cette approche peut rapporter concrètement aux patients…

        Ensuite, en ce qui concerne homéopathie, astrologie et maraboutage, personnellement j’ai envie de dire que si untel pense que c’est ça qui lui permet d’aller mieux et que quand on lui enlève il va de facto plus mal, que quand il reprend ses séances de magnétisme il se sent mieux, bah j’ai envie de dire tant mieux pour lui, et je me vois certainement pas lui interdire de continuer, quand bien même aucune étude multicentrique controlée, randomisée en double insu etc. ne montre aucune efficacité.

        Ce qu’il faut éviter, et c’est le sens de mon message, apparemment mal compris (ou alors c’est qu’on provoque les troll), ce sont les positions dogmatiques et rigides. Que ce soit pour ou contre la psychanalyse. Pour ou contre les TCC. Pour ou contre la neurobiologie.
        Mais il semblerait que ça en défrise plus d’un et ça m’interroge que quelque chose qui se veut plutôt un avis modéré et fédérateur soit aussi vivement rejeté et décrié.

        A ce que je sache j’ai pas dit « la psychanalyse c’est bon, mangez-en ». J’ai dit « attention à pas oublier les apports de cette approche, et ça peut être bénéfique de les intégrer à la pratique ». Ça me parait pas dingue comme raisonnement mais je me trompe peut être.

        1. Il me semble préférable que seuls les soins plus efficaces que le placebo soient remboursés par la sécu. Cela ne revient absolument pas à interdire l’astrologie, la psychanalyse ou quoi que ce soit. Voici pour moi l’intérêt de l’EBM. Ca ne me semble ni rigide, ni dogmatique. Vous pensez que si?

          1. Non mais on parle pas de ça la. On parle d’intégrer à une prise en charge globale des conceptions psychodynamiques. On parle pas du remboursement par la sécurité sociale de séances d’analyse.

            1. Donc on rembourserait une louche de psychanalyse mais pas une marmite?
              S’agit-il de sauver la psychanalyse ou les patients?

        2. Je ne suis pas contre ce que vous dites (pour simplifier) à savoir c’est quoi qui va à qui dans la mesure où c’est le patient qui le dit , et que bénéfice pour lui il y a , il n’y a rien a en dire Là où je diverge , c’est en ce qui concerne la Psychanalyse Pourquoi ? Parce que l’astrologie (par exemple) , bien qu’endoctrinement ,je le reconnais aussi , n’a pas le même impact , donc pas les mêmes conséquences La psychanalyse , a des décennies d’endoctrinement , et encore aujourd’hui au plus haut niveau , Il faut mesurer les différences d’impact Si la psychanalyse , reste au choix de l’adulte consentant pourquoi pas , tant que celui-ci y trouve un bénéfice Mais là où cela me pose problème , c’est l’enseignement , dans les universités , dans les écoles d’infirmières etc La psychanalyse ne peut être un enseignement , en l’absence de résultats vérifiés , et recommandés par la HAS c’est comme çà

  7. @Texavery : et vous vous montrez une méconnaissance globale du monde « psy » puisque vous semblez confondre psychologie, psychanalyse et psychiatrie ….

    1. MDR vous parlez à quelqu’un qui pendant 20 a donné des cours de psychiatrie et de psychologie, brave garçon va.

        1. Et bien ma foi, j’espère que vous montriez moins de partialité dans vos cours. Rassurez vous, vieillard, la relève est assuré. Des cours j’en donne aussi.

      1. C’est quoi le monde Psy ??? vous pouvez expliquer ?? je vais être franche avec vous , ne croyez pas que j’ignore Vous avez un mépris qui signe votre appartenance , pour cause de divergence d’opinion , ne vous intéressez jamais à l’autisme , si même
        la vieillesse vous pose problème , bon courage

  8. Je ne pense pas que Romeet ait lu le texte qu’il commente, tant il s’efforce de ne pas y répondre. Dans la mesure où il confond psychanalyse et psychiatrie, il disqualifie au demeurant son entier propos.

    Qu’il est regrettable que les personnalités dites « respectables » de la psychiatrie soient encore si souvent dans ce type de réaction pavlovienne, et alors même qu’elles sont souvent très gentilles et pleines de bonnes intentions.

    1. Je ne vois sincèrement pas à quel endroit je confond les deux. En revanche j’explique qu’il ne faut pas méconnaitre l’impact de la psychanalyse sur l’émergence de la psychiatrie post-organiciste. J’explique aussi qu’on y revient (à l’organicisme) et que je ne suis pas sur que ça serve tant que cela les patients à partir du moment ou l’on ne fait que cela.
      Avoir une lecture psychodynamique tout en integrant les données actuelles de la science (qui, au demeurant, est éminemment critiquable vu tant les conflits d’intérêt que la réalisation des études proprement dit) me parait bénéfique pour le patient. Je n’ai jamais dit que la psychanalyse devait être le seul outils du psychiatre.

      1. Sans vouloir défendre le sieur Thiriez (les mots m’en arracheraient la glotte), il me paraît très douteux de prétendre qu’il soutienne une vision organiciste de ce qu’il qualifie de troubles psys.

        Je peux témoigner d’efforts de scientificité dans les papiers de psychodynamique écrits par l’intervenant qui a eu l’honneur de me faire passer sous les fourches caudines de 4 séances psychodynamiques courtes, saupoudrées d’un zeste de Rorsach et d’une pincée de TAT. Effectivement, ils ont l’air de savoir ce qu’est un test statistique… (Le but obsessionnel en étant de tester si les séances avaient un goût de reviens-y sur fond d’alliance thérapeutique).

        Néanmoins, après s’etre fait enfermé pour la n-ieme fois à l’instigation de mère psychiatre, j’ai trouve un peu gonflé l’ingénue réflexion:

        – « Alors, comme cela, vous avez un problème avec votre mère? »

        – « Non, sans blague? Ce ne serait pas plutôt elle qui aurait un problème avec moi? »

        Retour à la case 0. « Alliance thérapeutique » nulle (de toute façon, je ne venais pas pour cela). Alors, effectivement, je ne vais pas vous faire un dessin de ce qu’est un trouble de la personalite paranoïaque relatif à la médecine: c’est une planche du TAT.

        En tant que quintessence du fou furieux, j’ai toutefois un doute sur la (non-)pertinence de la psychodynamique: il me paraît indubitable que lorsque la thématique pour laquelle un zozo se fait interner est d’ordre psychanalytique, et bien, cela transparaisse assez clairement dans tout ce tralala fumeux. Que cela puisse m’être « utile » me paraît plus que douteux.

        À force de me faire prendre pour un con, je sors alors mes quatre vérités. Et la, on m’envoie chez un fondu du glutamate en guise d’expédition punitive.

        Cela vous arrive-t’il d’avoir des interactions normales et réellement respectueuses avec vos interlocuteurs quand vous n’êtes pas occupes à vos guerres de chapelles? De citer, verbatim, les dires de vos patients sur les dossiers? D’avoir un minimum le sens des priorités dans ce que vous appelez « la prise en charge »? Ou la satisfaction de mieux pratiquer que le collègue prend-elle le pas sur ces considérations?

      2. Voilà ce que je déplore dans la démarche des « pro-psychanalyse ». J’ai l’impression qu’ils ne peuvent défendre cette discipline autrement que de façon « projective », c’est à dire en attaquant directement ou indirectement les autres. Aucun argument spécifique et précis n’est jamais donné en faveur de la psychanalyse.

        Les arguments sont généralement du type :
        1. Il serait mauvais d’avoir une approche unique (sous entendu : tout ce qui ne contient pas de psychanalyse reviendrait à une approche unique, à de l’organicisme)
        2. Donc, il faut toujours ajouter un zeste, un soupçon, une louche ou une cargaison de psychanalyse (ça me rappelle un peu le sophisme du juste milieu : affirmer qu’une position intermédiaire ou conciliatrice est forcément la meilleure)
        3. De plus, renier la psychanalyse, ce serait renier ce qu’elle a pu apporter il y a un siècle (elle aurait permis d’éviter un organicisme rampant, pour ne pas dire fascisme, et il en serait de même aujourd’hui?)

        Serait il possible, pour une fois, d’obtenir des argument précis et spécifique concernant le bienfondé de l’approche psychanalytique envers les patients?

  9. Ce qui est étonnant c’est une opposition purement fictive entre organicisme et psychanalyse… opposition d’ailleurs que Freud aurait dénoncé, il suffit de lire son « Abrégé de psychanalyse ». Aujourd’hui nous sommes dans une approche multiaxiale : bio, psycho, sociale. de plus il faudrait quand même lire les grands neurologues Eccles, Edelmann, Damasio qui sont bien loin, très loin d’une vision organiciste… de nombreux neurologues d’ailleurs relisent et réactualisent Bergson, Husserl etc….
    .

  10. Bonjour, juste une petite remarque au sujet des angoisses de liquéfaction/morcellement/etc: j’ai lu récemment le bouquin du Dr Gepner qui fait un lien intéressant entre le défaut de cohérence centrale et les troubles de la perception – inclus des troubles de la perception du corps, cocktail probablement bien susceptible de générer des angoisses, non?! Et Gepner fait bien le distinguo entre les observations faites par les psychanalystes (les autistes ressentent/perçoivent/décrivent leur corps de façon étrange, distordue, pour ainsi dire) et les interprétations qu’ils ont faites de ces observations, hein! Me tapez pas dessus, please, je ne suis pas pro-psychanalyse! Quoi que j’aime bien la psycho et j’avoue un faible pour Jung! Bonne journée! 🙂

    1. J’entends parler de l’angoisse de morcellement chez les schizophrène depuis le début de mes études, or jusqu’à maintenant et en me basant sur mes échanges avec des patients schizophrènes, aucun d’entre eux ne m’a jamais décrit un tel phénomène. Il est assez troublant pour moi de constater un tel écart entre ce qui est rapporté par ces professionnels et ce que me confient ces patients. Je n’ai rien à priori contre la démarche d’interprétation, mais il me semble tout de même que dans ce cas précis, elle est erronée et devrait logiquement être remise en question.
      Alors imaginez qu’on puisse se livrer à des interprétations similaires chez des patients autistes non verbaux. Ça me parait encore plus hasardeux.
      Après, il est évident que si des données solides venaient un jour confirmer ces interprétations, je m’inclinerais.
      Pour le moment, le lien entre des troubles de la perception du corps et des angoisses de liquéfaction/morcellement me parait plausible mais loin d’être certain.
      Voilà, j’espère que je ne vous ai pas trop tapée…

  11. ce qui est fatigant, c’est que les psychanalyste veulent à tout prix nous faire entrer dans un faux conflit, herméneutique psychodynamique versus / psychiatrie organiciste ou post organiciste… opposition purement imaginaire qui ne correspond à rien aujourd’hui qui au mieux fait hausser les épaules, ricaner, au pire agacer… un peu d’humilité le fonctionnement du cerveau et de cette merveille qui la conscience est un champ dont personne la clé… cela se saurait.je préfère lire Damasio, Edelman, Eccles et autres plutôt que de perdre mon temps à des personnes qui mettent leurs idées (simplistes derrière l’amphigouri) au-dessus de la complexité du réel.

  12. j’ai fait quelques années de psychothérapie psychodynamique il y a bien longtemps qui m’a beaucoup apporté et sans laquelle je ne serais probablement plus de ce monde … par contre j’ai depuis des années des douleurs somatiques (psycho …?) pour ou plutôt contre lesquels un professeur en pharmacologie m’a prescrit il y a 3 ans du laroxyl qui ne me fait plus aucun effet et je viens de lire dans « que choisir santé »( mai 2015 page 15) que le laroxyl pouvait souvent provoquer un risque accru de démence ou d’alzeimer. Que me conseillez-vous docteur?

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