De l’hôpital psychiatrique…

Hospitalisation, témoignages

Voici le témoignage d’un usager sur l’hôpital psychiatrique, retranscrit ici avec son accord et dans le respect de son anonymat.


Hôpital…

 

J’ai tellement de choses à te dire, hôpital.

 

On n’est pas forcément amis, nous deux. En tous cas, on doit avoir une relation très particulière : j’ai besoin de toi comme j’ai peur de toi. Je voudrais te détester, te haïr pour pouvoir avancer dans ma vie sans venir chez toi. J’aimerais ne pas avoir besoin de toquer à ta porte et te demander de l’aide. J’aimerais te dire que tu ne dois pas avoir peur pour moi, qu’un jour j’y arriverai sans toi. J’ai aussi du mal à te remercier, te dire que tu m’as même sauvé la vie, que tu m’as aidé plus que quiconque.

 

À l’hôpital, il y a mon psychiatre qui ne se lasse jamais de moi, qui me porte un intérêt particulier, qui ne me critique jamais, qui essaye de me comprendre et de m’apporter une aide quelle que soit la solution. Il y a les infirmiers qui sont là, tous différents mais qui n’ont qu’un seul but : apporter un soutien. Il y a ce calme que je ne retrouve pas ailleurs. Bien sûr je peux me sentir au calme sans aucun bruit ailleurs mais ici c’est un calme rassurant : celui de savoir qu’on ne nous laisse pas tomber, qu’on ne nous laissera pas nous suicider. C’est comme être dans les bras de quelqu’un qui ne partira jamais et qui sera plus fort que tout, du meilleur.

 

Tu vois hôpital, tu m’apportes tout ça. Pourquoi quand j’écris ces mots, j’ai envie de pleurer ? Pourquoi je culpabilise ? Pourquoi j’ai honte ? Pourquoi je me sens petite et faible ? Parce que je me dis que je ne devrais pas être là. Que je devrais m’en sortir seule, sans toi. À chaque fois que je quitte une hospitalisation, je me dis que ce sera la dernière et pourtant me revoilà. Bel et bien là, dans ma chambre et mon pyjama bleu. Je t’aime et je te déteste. Tu m’as aidé à avancer mais j’aimerais être heureuse et ne plus avoir besoin de ton aide. Idiote que je suis ! Être heureuse ? Quelle idée ! être heureuse pour toujours ? Impossible.

 

Ce qui fait que notre relation est si spéciale, c’est que je dois peut-être accepter ton aide pour être heureuse, mais seulement lorsque j’en ai réellement besoin. Je ne dois pas forcément t’écarter de ma vie et me dire que je régresse en venant ici. Je dois simplement te dire merci. Merci de m’accueillir, que ce soit ma place ou celle de quelqu’un d’autre. Merci d’essayer de m’aider. Si on fait équipe, c’est mieux tu sais.

7 réflexions sur “De l’hôpital psychiatrique…

  1. Waouh.
    C’est un peu comme dans ma tête.
    En plus doux.
    Ces mots éclairent des idées.
    Des idées qui n’étaient pas mises en mots.
    Ou de façon barbare…
    Merci.

  2. Le temps est long, peut être l heure est plus aux préoccupations mais on s ennuie…., un article? De quoi satisfaire nos réflexions……

  3. Quel est le but thérapeutique que d enfermer les gens en moyenne 32 jours et de les forcer à prendre des tranquilisants à très haute dose? Qu en est t il du nombre de patient qui meurt des effets direct ou indirect de l internement? Evidemment que vous aidez les gens, si on vous prenez les risques et bénéfice les psychiatres ne causerait ils pas plus de mort qu’il n en sauve? il y a environ 100 000 internements forcé si vous prenez le petit chiffre de 10%(par exemple vu qu il n y a pas de donné dessus, d’après vous pourquoi?) avec le nombre de personne qui se suicide pendant l internement(3 – 5.5%) n arrivons nous pas à un chiffre astronomique de 10 000 à 15 000 morts?

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