Le groupe AUTISME sur Facebook : une affaire de scission ?

Autisme, Internet, Psychanalyse

Il y a quelques mois, un psychanalyste (1) de renom fonde un premier groupe AUTISME sur Facebook dans le but d’y réunir des psychanalystes et des parents d’autistes, ceci sans pour autant limiter le rassemblement à ces deux qualités. Il m’est impossible de certifier des intentions précises de ce psychanalyste mais j’ai interprété cette initiative comme résultant d’une volonté de renouer un dialogue constructif entre ces deux populations.

Le descriptif de ce groupe est alors le suivant : L’AUTISME EST UNE CAUSE NATIONALE ET INTERNATIONALE, alors causons ici et maintenant.

Le groupe AUTISME attire rapidement plusieurs milliers de personnes et même si une faible proportion intervient, des échanges s’engagent. Je commence à y intervenir régulièrement et à y trouver une certaine place.

Première scission

Le psychanalyste fondateur (1) se met rapidement à nommer un très grand nombre d’administrateurs parmi les membres du groupe jusqu’à ce qu’un psychanalyste (2) prenne l’initiative de supprimer tout le monde de l’administration, sauf lui-même.

Devant ce qui est alors considéré par beaucoup comme une prise de pouvoir autoritaire et sans partage, le psychanalyste fondateur décide de fonder un deuxième groupe nommé  • AUTISME •Ÿ, ceci après avoir refusé de piloter le groupe AUTISME II : la réconciliation auparavant créé par quelqu’un d’autre suite au putsch. Il est alors suivi par la plupart des intervenants sans pour autant que ces derniers ne quittent le premier groupe dans lequel la plupart des échanges cesseront. Il est alors décidé que le nouveau groupe sera administré par une équipe de cinq personnes parmi lesquelles le psychanalyste fondateur (1), une psychanalyste (3), un juriste (4), la mère d’un enfant autiste et un ancien infirmier en psychiatrie également père d’un enfant autiste.

Deuxième scission

Je continue alors régulièrement à intervenir dans le nouveau groupe jusqu’à être sollicité pour faire partie de cette équipe d’administration en tant que psychiatre d’orientation TCC. J’accepte cette proposition et découvre que mon admission parmi les administrateurs a entrainé la démission de la psychanalyste (3) qui en faisait partie jusque-là. Elle fonde alors dans la foulée un nouveau groupe relatif à la psychanalyse.

Troisième scission

Quelques jours plus tard, le psychanalyste fondateur (1) exclue sans préavis tous les membres de l’équipe d’administration, sauf lui, ainsi que plusieurs intervenants du groupe. Je me retrouve même exclu du groupe tout comme le juriste. Le psychanalyste fondateur nomme une nouvelle équipe d’administration comprenant un psychanalyste renommé (5) qui déclinera rapidement l’invitation, un psychiatre d’orientation TCC également renommé qui quittera rapidement le groupe, la mère d’un enfant autiste précédemment citée ainsi que l’infirmier psychiatrique et père d’un enfant autiste. Le psychanalyste fondateur finit par quitter le groupe pour aller créer un nouveau groupe relatif à la psychanalyse et au sein duquel il insultera publiquement une psychanalyste (6) qui déposera une plainte contre lui au Conseil de l’Ordre.

Quatrième scission ?

Je suis rapidement réintégré au sein de l’administration du groupeŸ • AUTISME • Ÿen compagnie du juriste (4), de la mère d’un enfant autiste précédemment citée ainsi que l’infirmier psychiatrique et père d’un enfant autiste. Il est alors décidé d’inclure parmi les administrateurs un nouveau psychanalyste renommé (7). Quelques semaines plus tard, je m’aperçois que ce dernier m’a bloqué, ce qui implique que je ne peux pas lire ce qu’il poste sur le groupe. Le blocage est apparemment bien antérieur à la création des groupes dont il est question. Quelques heures après avoir révélé ce blocage, le psychanalyste (7) quitte l’administration et le groupe.

À suivre…

7 réflexions sur “Le groupe AUTISME sur Facebook : une affaire de scission ?

  1. Le récit est factuel et chronologique mais quel en est le but ? Formulons des hypothèses interprétatives. Nous pouvons penser que si vous êtes encore dans ces relations de pouvoir, vous avez une motivation qui vous y maintient. Laquelle ? Celle du pouvoir ? Lequel ? Aucun ! (ce jeu politique dans ce domaine est seulement bon pour les psy en manquent de reconnaissance) Celles de l’ouverture et de l’échange ? Oui, je le crois ! Cette hypothèse interpréterait votre article comme un moyen de dénoncer ce qui est contraire à votre motivation, les pratiques sectaires dans la science et la médecine. Mais, quelles sont vos anticipations à l’égard des psychanalystes ? Nous en connaissons d’ouverts, de sérieux et de responsables mais peut-on s’attendre de la part d’un croyant même avec une culture scientifique une remise en cause de ses représentations qui le satisfont et qu’il ne recherche pas à contredire ? Comme vous l’avez constaté et décrit, l’échange et l’ouverture s’arrêtent là où commencent le rejet et la fermeture. Un psychanalyste même ouvert restera toujours fermé aux observations contrôlées qui détruisent leur noyau dur de leur paradigme. Dans le cas contraire, il devient TCC ou au moins empirique et positiviste. Alors que doit-on faire ? Pratiquer, nous aussi le rejet ? Ce n’est pas votre position ! Vous continuez à défendre votre vision de la psy et je vous en remercie.

    1. Si j’ai justement limité au maximum les interprétations (pour le moment), c’est parce que je considère que les faits parlent d’eux-mêmes.
      Mais rassurez-vous, les interprétations viendront…

  2. Les comportementalistes fondent leurs pratiques sur des données scientifiques. Dès lors, leurs divergences de vue donnent lieu à des discussions, des réflexions et de nouvelles recherches sur des données observables. Le critère de validité ce sont des faits observables.

    En psychanalyse, les faits observables ne sont que le point de départ d’inférences sur l’« Autre scène ». Le critère de validité c’est l’argument d’autorité. Chaque analyste, qui interprète par lui-même, au lieu de tout décoder via la grille de Freud, en vient à un système différent du Père fondateur. Au début des années 1910, Jung a proposé de régler le problème des conflits d’interprétation par l’analyse didactique. Malgré cette pratique, qui apparaît comme un véritable conditionnement, des conflits d’interprétation et donc des scissions ont continué (*).

    Les divergences de vue donnent lieu à des « explications » psychiatriques (**), des excommunications, des scissions et de nouvelles chapelles. Même Mme Roudinesco déplore cette situation. Dans un article du « Nouvel Observateur » (19-4-2012), intitulé « Psychanalystes, critiquez vos dérives, il en va de votre survie! », la très médiatique avocate de la psychanalyse, constatait: « Leurs sociétés [de psychanalyse] fonctionnent comme des corporations professionnelles. Les psychanalystes se sont enfermés dans des chapelles ».

    (*) Pour des détails sur ces conflits d’interprétation et la tentative de les réduire par l’analyse didactique, voir : Borch-Jacobsen, M. & Shamdasani, S. (2006) « Le dossier Freud. Enquête sur l’histoire de la psychanalyse ». Paris : Les Empêcheurs de penser en rond, 510 p.

    (**) Sur l’étiquetage psychiatrique des opposants, que Freud a pratiqué du début à la fin de sa carrière, voir :
    http://icampus.uclouvain.be/claroline/backends/download.php?url=L0ZyZXVkLlBzeWNoaWF0cmlzYXRpb24uZG9j&cidReset=true&cidReq=EDPH2277

    J. Van Rillaer
    Prof émérite de psychologie à l’université de Louvain
    Ex-psychanalyste

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