Les psychotropes ne seraient pas moins efficaces que les autres médicaments

Médicaments, Revues Pro

Les psychotropes ont mauvaise réputation, ce qui paraît légitime compte tenu des effets secondaires parfois invalidants, de l’incertitude quant à leur mécanisme d’action, des conflits d’intérêt ou encore de l’absence de réel test diagnostique pour les maladies mentales. Ces médicaments psychiatriques ont également la réputation d’être moins efficaces que les autres, or ce n’est pas ce que constate une équipe allemande qui publie ce mois ci dans le British Journal of Psychiatry un article relayé par The Mental Elf.

À partir des données recueillies sur une centaine de méta-analyses, 16 psychotropes sont comparés à 48 médicaments utilisés pour traiter différentes maladies « physiques », notamment l’hypertension artérielle, l’asthme, le diabète l’hépatite C etc.

Il en ressort que les psychotropes sont en moyenne aussi efficaces que les autres médicaments. L’efficacité partielle ou la persistance de symptômes sous traitement n’a en effet rien de spécifique à la psychiatrie, tout comme la mauvaise observance thérapeutique par ailleurs…

Les psychotropes ne sont donc toujours pas la panacée, mais ils soignent…

Leucht S, Hierl S, Kissling W, Dold M and Davis JM. Putting the efficacy of psychiatric and general medicine medication into perspective: review of meta-analyses. British Journal of Psychiatry 2012; 200: 97-106.

7 réflexions sur “Les psychotropes ne seraient pas moins efficaces que les autres médicaments

  1. J’étais pas au courant qu’ils n’étaient pas efficaces.
    C’est peut-être tout simplement parcequ’on écoute moins bien les patients psy.
    D’abord, les psychotropes ça englobe tous les produits actifs sur le psychisme y compris les drogues, et ça, s’ils n’étaient pas efficaces, ça se saurait (lol!…). Il faudrait donc parler d’antipsychotiques (USA) ou de neuroleptiques (FR) pour ces médicaments de l’esprit.
    Leur efficacité a été attestée dès leur découverte, puisque les malades en détectaient l’effet même si on leur donnait des médicaments à leur insu (à l’époque, dans les hôpitaux, on donnait souvent des médicaments sans le dire au malade en les diluant dans les boissons).
    Sinon, l’effet a été détecté immédiatement par le personnel soignant, alors que ces médicaments n’étaient pas destinés à obtenir un effet antipsychotique mais sédatif. Voir :
    « Monsieur, ce coup-ci, ça fait quelque chose » ! P. Deniker Propos recueillis en 1987 par Bernard Granger Psychiatr. Sci. Hum. Neurosci DOI 10.1007/s11836-011-0180-4 © Springer-Verlag France 2011
    http://www.springerlink.com/content/x0p746ur52422232/

    1. Alors, tout d’abord la publication concerne les psychotropes mais uniquement les médicaments parmi eux.
      Il n’y a donc pas seulement les neuroleptiques mais aussi les antidépresseurs, les régulateurs de l’humeur (lithium et anticonvulsivants), les psychostimulants etc.
      Les effets des premiers neuroleptiques, comme beaucoup de médicaments, ont été découverts par hasard comme vous le dites.
      L’effet recherché était surtout anesthésiant mais c’est la fameuse indifférence psychomotrice qui finit par être utilisée comme une sorte de camisole chimique.
      On a beau critiquer les neuroleptiques atypiques qui ne sont pas aussi révolutionnaires que promis, mais il s’agit tout de même d’une évolution pharmacologique notable par rapport au Largactil.
      Enfin merci pour votre intervention « historique »!

  2. Il faut distinguer les prescriptions des recommandations et de la perception qu’ont les prescripteurs.
    Il y a une différence entre l’efficience d’un produit constatée en pratique psychiatrique (la clinique) et l’efficacité mesurée dans des conditions standardisées (l’information du producteur).
    Par exemple, sur les 3 produits les plus prescrits dans le secteur où a été effectuée cette étude, 2 sur 3 sont des antipsychotiques classiques et 1 seul sur 3 est un deuxième génération :
    http://www.jle.com/fr/revues/medecine/met/e-docs/00/04/0A/01/article.md
    F. Frincard, D. Moyse, T. Trémine, Antipsychotiques : réalité de prescription et perception des produits, L’Information psychiatrique 2005 ; 81 : 113-9

    1. Attendez… Ce que vous appelez efficacité mesurée dans des conditions standardisées n’est pas forcément l’information du producteur. Il existe encore heureusement des études indépendantes de l’industrie pharmaceutique. Et les effets de cette industrie se font sentir également, sinon davantage, au niveau de l’efficience d’un produit puisque celle-ci dépend de la perception du produit par le psychiatre (donc autant de sa perception de ses propres résultats que du bourrage de crâne de la visiteuse de labo de la veille).

  3. Là j’ai besoin de plus de détails : l’efficicence d’un produit dépend de la perception du produit par le psychiatre? Euh, c’est pas en principe la perception du patient qui est en jeu?
    Sinon, pour les études indépendantes, où? La question est que ces études ne peuvent pas reproduire les conditions d’emploi des produits, qui sont administrés à long terme sur des populations souvent différentes de celles des essais. L’efficacité et les effets secondaires ne sont non plus les mêmes dans le temps, dans un traitement à long cours, condition qu’on ne peut pas non plus reproduire dans ces études.
    La question n’est pas si les médicaments psychotropes sont plus ou moins efficaces que les autres médicaments, mais pourquoi leur efficacité n’a pas augmenté de manière significative avec les nouveaux traitements qui arrivent régulièrement sur le marché et qui sont souvent des « me-too », des variantes dans une palette de traitements qui reste, somme toute, assez restreinte et d’une efficacité moyenne.

    1. On pourrait se poser la même question dans toutes les spécialités…
      Pourquoi les médicaments ne sont toujours pas miraculeux depuis le temps…?
      Pour votre question sur l’efficience, la réponse peut se trouver dans le lien que vous m’avez fourni auparavant : « Par ailleurs, l’image que les prescripteurs ont des différents produits est évidemment liée aux résultats qu’ils ont obtenus chez leurs patients avec ces mêmes produits, mais aussi à l’image qui entoure les produits d’une façon plus générale. ».
      Les études indépendantes sont les études libres de conflits d’intérêt. Il en sort des centaines tous les mois dans la littérature. À nous de faire le tri…

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