Voici une sélection de ce que l’on pourrait approximativement considérer comme mes performances vocales collectives préférées en ce qui concerne les années soixante. Les échantillons sélectionnés se limitent au rock anglo-saxon et à ses fameuses excroissances folk, baroques et psychédéliques qui ont illuminé la décennie.
Ces chansons sont classées par ordre alphabétique.
Les doléances, commentaires et réclamations sont évidemment souhaitables.
The Beach Boys : « All Summer Long » (1964)
Cet élan estival illustre à merveille la chaleur et l’enthousiasme déployés par la bande des frères Wilson au début des années soixante. Si l’effort en lui-même et l’insouciance qui s’en dégage peuvent paraitre aujourd’hui désuets, ces délicieuses vocalises peuvent encore nous transporter sur les plages californiennes de l’époque.
The Beatles : « Because » (1969)
Sur une instrumentation assez rudimentaire et qui serait inspirée de la Sonate au clair de lune résonnent les plus belles harmonies vocales de la courte histoire du rock. Les voix de Lennon, McCartney et Harrison, ici élevées au carré, surpassent de loin tous les ensembles vocaux qui en seront inspirés, ou non.
The Hollies : « Carrie Anne » (1967)
Il aura fallu attendre près de trente ans pour que Graham Nash reconnaisse avoir adressé cette chanson à Marianne Faithfull. En conséquence, l’actrice Carrie-Anne Moss aurait du s’appeler Marianne puisqu’elle a été prénommée en hommage à cette même chanson. Comme c’est mignon la timidité…
The Association : « Don’t Blame It on Me » (1966)
Je n’ai pas encore pu écouter la version originale des frères Addrisi mais il semble tout à fait possible de se contenter de celle-ci. Les choeurs, bien qu’uniquement constitués de rudimentaires « pa-pa, pa-pa », résonnent presque comme un argument supplémentaire dans cette ode à la déculpabilisation.
Crosby, Stills & Nash : « Helplessly Hoping » (1969)
Cette chanson écrite par un Stephen Stills en pleine séparation de Judy Collins est probablement l’une des plus belles qui soient en matière de rupture sentimentale. Rarement la déception, la frustration, l’impuissance, la culpabilité, la résignation et la solitude n’auront résonné avec une telle beauté.
-
Argent : « Like Honey » (1969)
Derrière un refrain certes rudimentaire et des paroles qui ne le sont pas moins, l’ancien claviériste des Zombies n’a rien perdu de son talent pour arranger des ensembles vocaux poignants. La trajectoire de son nouveau groupe oscillera d’ailleurs régulièrement entre riffs appuyés et digressions vocales exquises.
The Mamas & the Papas : « Monday, Monday » (1966)
John Phillips prétend avoir écrit cette chanson en vingt minutes, ce qui est tout à fait possible. En revanche, il a certainement fallu beaucoup plus de temps pour articuler ces quatre merveilleuses voix. On ne compte plus les reprises de ce titre qui sont autant de tentatives ratées de tutoyer les sommets de l’original.
Tommy Roe : « Moontalk » (1967)
Surtout connu pour ses quelques tubes sirupeux, Tommy Roe s’ouvre assez magistralement à la période psychédélique grâce à des chansons plus sophistiquées, plus baroques dont certaines marquées par de splendides arrangements vocaux. C’est le cas de ce « Moontalk », aussi dégoulinant que brillant.
The Free Design : « The Proper Ornaments » (1967)
Ce groupe vocal régulièrement considéré comme la réponse de la cote Est aux Mamas & Papas aura su durer davantage et fournir des albums légèrement plus consistants. Ils n’ont hélas pas été retenus à la hauteur de leur talent, probablement car leurs harmonies vocales étaient plus complexes et raffinées.
Peter, Paul & Mary : « Very Last Day » (1963)
Cette sélection n’aurait certainement pas vu le (même) jour sans ces trois personnages, parmi les premiers acteurs de la reviviscence folk des années soixante mais aussi parmi les plus grands inspirateurs des ensembles rock à dominance vocale qui suivront. Ce titre enthousiasmant fait quant à lui référence à l’apocalypse.
The Byrds : « Wild Mountain Thyme » (1966)
Cette chanson traditionnelle britannique est ici adaptée par les Byrds à la sauce psychédélique, et heureusement sans trop de fioritures expérimentales en dehors des inévitables arpèges à douze cordes de McGuinn. Ceci permet d’en apprécier les arrangements vocaux qui font l’effet d’une apaisante nappe de brouillard.