Au cours des années 50, des artistes blancs s’approprient le rhythm & blues, notamment dans le sud des États-Unis, pour en délivrer une version country aussi caricaturale que mémorable. Les orchestres sont généralement assez réduit avec une contrebasse bien claquante, un guitariste qui ose parfois ébaucher quelques soli et un chanteur qui use et abuse des tics vocaux. Les chansons sont rapides, percutantes, baignées dans un écho caractéristique et concernent la jeunesse, les filles et les voitures.
Meilleurs artistes
- Johnny Burnette
- Charlie Feathers
- Brenda Lee
- Johnny Horton
- Eddie Cochran
- Wanda Jackson
- Elvis Presley
- Johnny Cash [Sun Records]
- Ricky Nelson [50’s]
- Carl Perkins
- Roy Orbison
Meilleurs titres
- Rock Billy Boogie (Johnny Burnette & the Rock ‘n’ Roll Trio)
- One Hand Loose (Charlie Feathers)
- Let’s Jump the Broomstick (Brenda Lee)
- Waitin’ in School (Ricky Nelson)
- I’m Coming Home (Johnny Horton)
- Fujiyama Mama (Wanda Jackson)
- Twenty Flight Rock (Eddie Cochran)
- Baby, Let’s Play House (Elvis Presley)
- Get Rhythm (Johnny Cash)
- Blue Suede Shoes (Carl Perkins)
- Ooby Dooby (Roy Orbison)
Meilleurs albums
- Brenda Lee – Brenda Lee (1960)
- Johnny Burnette & the Rock ‘n’ Roll Trio – Johnny Burnette & the Rock ‘n’ Roll Trio (1956)
- Ricky Nelson – Ricky Sings Again (1959)
- Wanda Jackson – Rockin’ with Wanda! (1960)
- Johnny Cash – Johnny Cash With His Hot and Blue Guitar! (1957)
- The Crickets – The « Chirping » Crickets (1957)
- Eddie Cochran – Eddie Cochran (1963)
- Johnny Horton – Honky-Tonk Man (1962)
- Bill Haley & His Comets – Rock Around the Clock (1956)
- Carl Perkins – Dance Album of Carl Perkins (1957)
- Marty Robbins – Rock’n Roll’n Robbins: Marty Robbins Sings (1956)
Sélection commentée
Voici une sélection de 11 titres rockabilly d’époque que l’on pourrait (approximativement) considérer comme mes favoris.
Mon choix s’est limité à ce que je considère comme étant les formes les plus pures de rockabilly, un style de rock ‘n’ roll né dans le sud des États-Unis vers le milieu des années cinquante. Il est généralement joué par des artistes blancs au sein d’un orchestre assez minimaliste. Le jeu du contrebassiste est souvent claquant, notamment lorsqu’il s’agit de compenser l’absence de batterie, et le guitariste (électrique) parvient la plupart du temps à placer un petit solo au milieu des chansons. Le chanteur quant à lui use et parfois abuse de tics vocaux plus ou moins caractéristiques tels que les hoquets, bégaiements, rugissements, jappements ou encore les glapissements. Les chansons sont pour beaucoup reprises ou inspirées de titres blues ou country, souvent accélérées et remodelées au profit d’un accent très percussif. Un effet d’écho très prononcé leur donne une résonance caractéristique et les thèmes abordés restent en général centrés autour de la jeunesse, des filles et des voitures.
Elvis Presley : « Baby Let’s Play House » (1955)
Il suffit d’écouter la version originale d’Arthur Gunter sortie l’année précédente pour constater à quel point Presley l’a transformée. Le résultat lui permet pour la première fois de pénétrer le classement national (country) des 45tours mais constitue la première grosse référence du genre pour ceux, nombreux, qui s’y engouffreront.
Gene Vincent : « Be-Bop-A-Lula » (1956)
L’origine de ce titre n’est toujours pas clairement établie et semble varier selon les témoignages. Elle semble toutefois remonter au jazz des années quarante et notamment à cette chanson de Lionel Hampton. Cette performance de Vincent et de ses Blue Caps est certainement à classer parmi ce que le rockabilly peut offrir de plus sexy.
Carl Perkins : « Blue Suede Shoes » (1956)
« Fais ce que tu veux, mais ne marche pas sur mes chaussures en daim bleu » : cette phrase apparemment anodine entendu par Perkins au cours d’un bal lui inspire pourtant l’une des chansons les plus populaires de l’histoire du rock. Certains s’obstinent à considérer la version d’Elvis comme la meilleure, ce qui, il faut le reconnaitre, est vrai, mais de très peu.
Wanda Jackson : « Fujiyama Mama » (1957)
L’excellente version originale de ce titre rhythm & blues étant passé quasiment inaperçue, la future reine du rockabilly s’en empare pour décupler tout ce que la chanson pouvait avoir d’explosif. Le résultat flirte allègrement avec la parodie mais reste à considérer parmi ce que le rockabilly a pu offrir de plus sauvage et mémorable.
Johnny Cash : « Get Rhythm » (1956)
Poussé du gospel vers le rockabilly pour lancer sa carrière, le futur homme en noir adopte immédiatement un rythme imperturbable digne d’une locomotive avec ses Tennessee Two. Il prétend avoir composé cette excellente chanson pour Elvis, mais elle n’occupera qu’une face B, celle de son premier grand succès : « Walk the Line ».
Johnny Horton : « I’m Coming Home » (1957)
Horton débute sa carrière avec quelques titres à mi-chemin entre le rockabilly et le honky tonk qui reste le style de country le plus populaire dans les années cinquante. Cette chanson, durant laquelle il semble répondre à un riff de guitare rudimentaire, demeure sa performance la plus pure de rockabilly, trois ans avant sa mort tragique.
Charlie Feathers : « One Hand Loose » (1956)
Ce chanteur énergique de country ne tarde pas à devenir un expert du hoquet, un exercice pour lequel il reste à jamais inégalable (à écouter ici notamment). Cette chanson urgente et intenable demeure l’un des grands sommets du rockabilly et justifie à elle seule de pousser ses oreilles un peu au-delà de Sun Records et des premiers efforts d’Elvis Presley.
Roy Orbison : « Ooby Dooby » (1956)
Avant de connaitre ses plus grands succès grâce à des chansons plus douces et accommodantes dans les années soixante, Orbison s’est lancé dans le rockabilly chez Sun Records derrière Presley, Perkins, Cash et les autres. Ses performances n’étaient pas les plus percutantes mais dévoilaient déjà un charme incontestable, notamment celle-ci.
Johnny Burnette : « Rock Billy Boogie » (1957)
L’influence du Rock and Roll Trio de Johnny Burnette sur les générations ultérieures passe par sa version explosive du
« Train Kept A-Rollin' » mais le vocaliste brille encore davantage sur ce « Rock Billy Boogie » grâce à des bégaiements, hoquets et autres criailleries à coté desquels ceux de ses rivaux paraîtraient presque chétifs.
Eddie Cochran : « Twenty Flight Rock » (1957)
Voici la fameuse chanson grâce à laquelle le jeune Paul McCartney (ici plus vieux) impressionnera le jeune John Lennon, avec la suite que l’on connait. Cochran se base sur le célèbre « Rock Around the Clock » de Bill Haley pour composr ce titre qui apparaitra initialement dans un film avant de sortir sous la forme d’un 45tours.
Billy Lee Riley : « Red Hot » (1957)
Partiellement éclipsé par « Great Balls of Fire » de Jerry Lee Lewis qui sort au même moment dans la même maison de disques, cette chanson reste pourtant celle qui révèle au mieux le style braillard et désinhibé de Riley. La version originale est ici littéralement dynamitée, aussi bien sur le plan vocal qu’instrumental : « My gal is red hot! ».