Voici une sélection de ballades puissantes (« power ballads ») que l’on peut approximativement considérer comme mes favorites. Si celles-ci sont ici qualifiées de la sorte, ce n’est pas tant pour leur brutalité ou leur grandiloquence que parce qu’elle sont jouées par des groupes de hard rock et de metal.
Les échantillons sélectionnés ne se cantonnent pas à une décennie particulière.
Les doléances, commentaires et autres réclamations sont évidemment possibles.
Le classement n’est qu’alphabétique.
Judas Priest : « Beyond the Realms of Death » (1978)
Voici le prototype de ballade metal qui sera recyclé à foison durant la décennie suivante. De délicats couplets et leurs arpèges de guitare laissent la place à un refrain imposant marqué par le retour de la distorsion. Les vocalises théâtrales de Ron Halford s’y distinguent à merveille bien que flirtant parfois avec une certaine fausseté. Judas Priest ne fera jamais mieux dans ce style.
Aerosmith : « Dream On » (1973)
Ce titre est considéré avec « Stairway to Heaven » comme l’un des premiers exemplaires de ballades puissantes. Aerosmith inspirera d’ailleurs une multitude de groupes permanentés à poser devant les ventilateurs pendant les années quatre-vingt en chantant des chansons mielleuses. Celle-ci est encore loin de la dégénérescence dont fera preuve Aerosmith en matière de ballade par la suite.
Metallica : « Fade to Black » (1984)
La première ballade de Metallica reste la meilleure, loin devant le pourtant très respectable « Nothing Else Matters ». James Hetfield y semble réellement hanté par des préoccupations suicidaires et le groupe monte en puissance comme jamais au fil de la chanson. Les arpèges s’effacent progressivement au profit de riffs tantôt féroces, tantôt grandioses jusqu’à un solo des plus épiques.
Ozzy Osbourne : « Goodbye to Romance » (1980)
Ozzy n’a jamais été très doué pour chanter des ballades et semble assez empoté sur celle-ci. Il entraine son groupe dans un effort plutôt lourdeau, et pourtant, ça fonctionne, en grande partie grâce au génial guitariste Randy Rhoads qui se démène pour faire resplendir de belles harmonies. Au final, ce résultat délicieusement ringard reste charmant malgré les défauts et les années.
Opeth : « Harvest » (2001)
Il eut sembler difficile à croire que cette chanson soit celle d’un groupe de death metal, à moins qu’Opeth ne doivent être considéré comme bien davantage qu’un groupe de death metal, ce qui est finalement le cas. Coutumier des interludes délicats au sein d’une brutalité complexe et distinguée, le groupe se laisse ici totalement aller à une douceur acoustique et mélancolique.
System of a Down : « Lonely Day » (2005)
Les américano-arméniens délaissent ici un temps leur furie bien construite pour cet hymne aussi élémentaire qu’émouvant. Bien loin des élans symphonisants, dégoulinants ou réverbérés de certains, cette chanson nous rappelle qu’il n’est pas nécessaire d’aller chercher très loin pour faire une bonne chanson : quatre accords et quelques phrases sur la solitude peuvent suffire.
Nazareth : « Love Hurts » (1975)
Chanté initialement par les Everly Brothers, par Roy Orbison, puis par Gram Parsons et Emmylou Harris, et encore par Jim Capaldi, ce titre bénéficie en 1975 des vocalises rocailleuses du braillard écossais Dan MacCafferty. C’est cette version de Nazareth qui restera la plus célèbre, à défaut d’être la plus gracieuse, et qui grimpera dans les sommets des classements anglo-saxons.
Freak of Nature : « Need » (1994)
Après avoir fait frétiller quelques jeunes filles au sein de White Lion (notamment avec « When the Children Cry »), le danois Mike Tramp forme son nouveau groupe avec la ferme intention de sonner plus dur et plus sauvagement. Hélas, ou heureusement, il ne résiste pas à proposer à nouveau quelques ballades bien onctueuses, comme celle-ci dont le refrain est pour le moins poignant.
Guns N’ Roses : « November Rain » (1991)
Cette ballade extrêmement pompeuse ne serait rien sans les équivalents précédents d’Elton John et Aerosmith mais Axl Rose voulait la sienne, et la travaillait depuis près de dix ans. Elle est trop longue, et certainement trop rudimentaire dans sa première partie mais les deux dernières minutes sont parmi les plus mémorables que le groupe nous ait offertes, notamment Slash.
Scorpions : « Still Loving You » (1984)
D’après un sondage, il semblerait que ce soit la chanson d’amour « internationale » préférée des français, devant l’hymne célèbre de la grognasse Whitney Houston. Serions-nous masochistes au point de plébisciter la déclaration d’amour d’un homme qui vient de se faire plaquer? Oui, car elle est belle (la chanson), même si c’est une mise à jour de la ballade du précédent album.
Dream Theater : « Through Her Eyes » (1998)
Voici un groupe que j’aime à vilipender mais dont je sais reconnaitre les morceaux de bravoure. C’est ainsi qu’au milieu d’un album concept très calqué sur d’autres albums concepts, et dans lequel on trouve la copie d’un titre de Tool, on pourra s’arrêter sur cette belle chanson, à considérer comme un instant durant lequel Dream Theater délaisse son obsession pour la gonflette.