Voici une sélection de onze albums de hard rock et de metal sortis dans les années soixante-dix. Je ne prétends nullement constituer ici l’anthologie du genre mais tout de même un petit peu. Les deux styles que sont le hard rock et le metal sont parfois distingués mais leurs définitions multiples et souvent floues ne permettent de valider cette distinction à mes yeux, et encore moins à mes oreilles.
Les doléances, commentaires et autres réclamations sont évidemment possibles.
Le classement n’est que chronologique.
Black Sabbath : Paranoid (1970)
Dans toute l’histoire du rock musclé, s’il fallait n’en garder qu’un, ce serait probablement celui-ci. L’accent n’est pas mis sur la vélocité ni sur la virtuosité mais sur des riffs accrocheurs et pesants. Le résultat, à la fois sombre et grandiose, reste parmi ce que le rock a pu offrir de plus inspirant. Les contemporains et générations ultérieures n’hésiteront pas à piocher dans les trois premiers albums du groupe, grand bien leur fasse.
Atomic Rooster : Death Walks Behind You (1970)
Moins connu parmi les pionniers du rock alourdi, cet album est évidemment caractérisé par des riffs athlétiques et pesants mais également par les ritournelles funky de son génial claviériste. Celui-ci compense par ailleurs l’absence de bassiste en utilisant les pédales de son instrument. De toutes les étiquettes collées sur ce groupe atypique, c’est probablement « heavy soul » qui lui convient le mieux.
Clear Blue Sky : Clear Blue Sky (1971)
L’histoire n’a certainement pas retenu cet album à sa juste valeur. Il est l’oeuvre d’un trio fougueux dont les membres ont à l’époque à peine 18 ans. La brutalité impressionnante des riffs n’a d’égale que leur caractère alambiqué, ceci annonçant les efforts progressistes et avant-gardistes d’autres formations du genre. Hélas, le manque de succès aura rapidement raison du groupe.
Leaf Hound : Growers of Mushroom (1971)
Enregistré en seulement une dizaine d’heure, cet album brulant ne bénéficie pas à l’époque d’une promotion à la hauteur de sa musique. La réticence de la maison de disque vient peut-être du chanteur dont les braillements et autres beuglements peuvent en déstabiliser plus d’un. Ce qui constitue l’une des sauvageries les plus attrayantes de l’époque ne sera réhabilité que 40 ans plus tard.
Deep Purple : Machine Head (1972)
Au-delà de l’incontournable « Smoke on the Water », au-delà de sa misogynie galopante (ou plutôt roulante), cet album renferme l’une des plus belles collections de riffs de l’histoire. Cette pierre angulaire du rock pénien est aussi celle de la branche la plus « autoroutière » du genre mais ces délicieuses courses méritent encore davantage que de la sueur, de la bière et des marcels.
Lynyrd Skynyrd : Second Helping (1974)
Il y a certes l’hymne « Sweet Home Alabama » mais ce que certains ignorent, c’est que la totalité des titres sont ici largement à sa hauteur. Les trois guitaristes ne sont vraiment pas de trop pour ce festival de riffs effectués sur un groove remuant, typique de ces bons vieux sudistes que l’on imagine trop souvent comme de simples bouseux plaidant le recours facile aux armes à feu. Ici, on en est pourtant loin.
Aerosmith : Toys in the Attic (1975)
Les performances du groupe sont ici déjà très dansantes, et il ne s’agit pas des ballades dégoulinantes qu’ils déverseront plus tard. Le bon vieux rock ‘n’ roll des années 50 trouve ici une seconde jeunesse, plus glamour, beaucoup plus musclée et terriblement plus funky. Les records de ventes, légitimes, de cet album précéderont des records de consommation de drogues, comme souvent…
Nazareth : Hair of the Dog (1975)
Emmené par son tube et sa fameuse cloche à vache, cet disque dispose également de bien d’autres atouts. La pesanteur des riff est digne de celle de Black Sabbath mais le groove lorgne plutôt de l’autre coté de l’Atlantique, notamment chez Aerosmith et Lynyrd Skynyrd. Nazareth possède cependant un charme supplémentaire : les braillements bien rocailleux du chanteur Dan McCafferty.
Boston : Boston (1976)
Ce disque restera longtemps le premier album le plus vendu de l’histoire, ce qui n’est pas surprenant tant il semble calibré pour séduire à la première écoute. Il est majoritairement l’oeuvre de l’un de ces magiciens de studio qui restent habituellement dans l’ombre mais dont la créativité légitime parfois les projecteurs. C’est le cas ici avec ce cocktail irrésistible de riffs et de mélodies poignantes.
Judas Priest : Stained Class (1979)
Sur cet album, le metal semble reforgé, les riffs son aiguisés, la section rythmique est plus véloce, plus athlétique que celle des contemporains les plus populaires qui semblent s’enliser dans les stades qu’ils remplissent. Célèbre pour avoir été accusé d’incitations subliminales au suicide, ce disque inaugure avec quelques autres la « nouvelle vague du metal lourd britannique » qui culminera au début des années 80.
AC/DC : Highway to Hell (1979)
Il reste difficile, voire impossible de trouver un album plus emblématique du hard rock que celui-ci. La recette n’a jamais changé et ne changera probablement jamais : un bon vieux rythme boogie, bien enfoncé par un riff entêtant, et les piaillements rugueux d’un vocaliste bientôt remplacé par un clone après une regrettable noyade dans son vomi. le légendaire « Highway to Hell » n’est ici qu’un titre parmi d’autres.
Au rattrapage

Grand Funk Railroad : Grand Funk (1971)

Night Sun : Mournin’ (1972)

Uriah Heep : Demons and Wizards (1972)

Captain Beyond : Captain Beyond (1972)

Budgie : Never Turn Back on a Friend (1973)

Led Zeppelin : Physical Graffiti (1975)

Thin Lizzy : Jailbreak (1976)

Triumph : Triumph (1976)

Rush : Hemispheres (1978)