Voici une sélection de chansons des Beatles que l’on pourrait (approximativement) considérer comme mes favorites.
Je ne prétends nullement constituer ici l’universelle anthologie du groupe.
Pour preuve, vous n’y trouverez pas celles qui vous aiment, j’ai nommé Michelle, Jude, Julia et Lucy qui n’ont pas plus envie de vous tenir la main qu’elles ne l’avaient la veille. Vous ne viendrez donc pas ensemble dans le sous-marin jaune ni dans l’éternel champ de fraises, à moins d’une révolution ou que le soleil ne s’y pointe. Je sais que vous n’avez besoin que d’amour, que votre club des coeurs solitaires n’est pas assez poivré et qu’un petit coup de main de vos amis n’aurait pas été de trop mais après tout, ce n’est qu’un jour dans la vie. La nuit qui le suivra sera probablement moins difficile. Alors ainsi soit-il…
Les doléances, commentaires et autres réclamations sont évidemment possibles.
Le classement n’est que chronologique.
« Love Me Do » (1962)
S’il fallait désigner la chanson de l’éclosion, ce serait celle-ci. Composée par McCartney lorsqu’il avait 16 ans, à une époque où il écoutait probablement les frères Everly (ici ou ici), elle bénéficie de l’apport de Lennon qui y incorpore le fameux pont avec l’harmonica. Choisie pour figurer sur le premier 45tours, elle devient le premier succès du groupe.
« I Saw Her Standing There » (1963)
Voici la façon dont les Beatles ont su rafraichir le (déjà) bon vieux rock ‘n’ roll américain : avec fougue, malice et harmonie. C’est la première prise qui est retenue pour figurer sur le premier album, ce qui en accentue certainement la spontanéité mais jamais au grand jamais la naïveté.
« It Won’t Be Long » (1963)
Cette chanson frétillante est judicieusement placée en ouverture du deuxième album. Lennon aurait souhaité en faire un nouveau tube mais reconnait qu’il lui manque quelque chose, probablement dans les couplets. En attendant, les « yeah, yeah » des appels/réponses du refrain valent largement ceux de « She Loves You« .
« Help! » (1965)
Initialement envisagée comme une ballade, cette chanson est enregistrée sur un tempo bien supérieur avec le résultat frais et enthousiasmant que l’on connait et à quelques lieues de l’état d’esprit de son créateur. Dérouté par le succès, Lennon se décrit alors comme gros et déprimé, ceci au point d’appeler « à l’aide! ».
« If I Needed Someone » (1965)
Il ne fait aucun doute que les Byrds sont très influencés par les Beatles mais c’est ici Harrison qui s’inspire des ritournelles de Roger McGuinn à la guitare 12 cordes (ici notamment). La chanson qui en résulte surpasse de loin tout ce que les Byrds ont pu faire jusque-là. C’est pourtant la version des Hollies qui sortira en 45tours…
« Paperback Writer » (1966)
Cette chanson de McCartney illustre bien la tendance du groupe à s’éloigner des performances scéniques classiques vers une musique plus audacieuse et aventureuse. Celle-ci repose sur l’alliance improbable d’un riff musclé et de passages à capella, le tout préfigurant certainement les opéras rock et autres efforts théâtraux des décennies ultérieures.
« Eleanor Rigby » (1966)
Quatre ans après « Love Me Do », les Beatles ont déjà pris une certaine distance vis-à-vis du format rock traditionnel. Ils ne jouent pas sur cette chanson de McCartney mais sont accompagnés par un quatuor à cordes dont les superbes arrangements sont concoctés par le fameux cinquième membre : George Martin.
« I’m Only Sleeping » (1966)
La tendance de McCartney à réveiller le paresseux Lennon inspire à ce dernier cette chanson merveilleusement nonchalante. Très souvent remémorée pour être la première à mettre en avant un solo préenregistré et joué à l’envers, elle n’est pas sans dévoiler d’autres richesses, notamment mélodiques.
« Happiness Is a Warm Gun » (1968)
Cet assemblage aussi improbable qu’accrocheur montre bien à quel point rien n’est inconciliable pour les Beatles. Ces quatre sections s’enchainent à merveille malgré les variations imposées en matière de mélodie, de tempo ou d’atmosphère, le tout en moins de trois minutes, sans les excès de ceux qui s’en inspireront.
« I Want You (She’s So Heavy) » (1969)
Si Lennon n’y chante guère plus que quatorze mots pour Yoko, cette pièce épique et pesante dure près de huit minutes. Le mélomane avisé y appréciera aussi bien les relents de vieux blues que ce fameux riff, si imposant, si accablant qu’il pourrait préfigurer ceux de l’imminente troupe Black Sabbath.
« Because » (1969)
Sur une instrumentation assez rudimentaire et qui serait inspirée de la Sonate au clair de lune résonnent les plus belles harmonies vocales de la courte histoire du rock. Les voix de Lennon, McCartney et Harrison, ici élevées au carré, surpassent de loin tous les ensembles vocaux qui en seront inspirés, ou non.