Ce sympathique bouquin, fruit de l’admirable travail de la psychologue Marion Mari-Bouzid, est particulièrement recommandé aux lecteurs imprégnés de psychanalyse, à savoir une bonne partie de la population française. Selon l’auteure, les enfants de psys, du moins ceux qu’elle a rencontrés, constituent un modèle idéal pour illustrer les conséquences négatives de cette imprégnation, tant celle-ci est profonde chez eux.
La plupart de ces enfants ont grandi dans une sorte de monde parallèle voué au culte de l’inconscient freudien et au sein duquel ils apprennent à adopter une position systématique de recul et d’analyse sans fin de tout ce qui les entoure selon la fameuse grille de lecture basée sur le symbolisme sexuel et les interprétations contradictoires.
Ces ruminations perpétuelles et souvent stériles en deviennent logiquement paralysantes au point de suggérer que finalement, c’est la psychanalyse qui crée la névrose comme elle la définit.
Ces pauvres enfants parviennent ils à sortir de cette emprise typiquement sectaire? Vous le saurez en lisant cet ouvrage qui aurait mérité davantage de promotion, toujours disponible sur le site de l’éditeur et dont les premières pages sont offertes à la lecture.
À qui s’adresse ce livre selon MMB
Je rencontre, dans ma pratique de psychothérapeute, certaines personnes souffrant d’anxiété ou de dépression et ayant acquis la conviction que le problème se situe à l’intérieur d’elles (un complexe inconscient non résolu, une incapacité structurelle, névrotique), soit qu’elles aient rencontré des psys formés à la psychanalyse, soit qu’elles aient lu des ouvrages parlant de psychanalyse. Elles passent un temps incroyable à chercher dans le fort intérieur, leur « inconscient », les causes présumées de leurs troubles, pensant que cela leur permettra de s’en sortir.
Ces personnes, sans le savoir, ont été bercées dans l’idée « psychanalytique » largement véhiculée par les médias que la source de tous nos maux se trouve à l’intérieur de nous. Elles en concluent qu’elles devraient donc rechercher en elles la solution. Or, cette conclusion amène à des tentatives de contrôle excessives, à une fragilisation des personnes face à leurs troubles et à une incapacité encore plus grande de puiser dans leur environnement les ressources disponibles pour faire face.
La problématique des enfants de psychanalystes est une expression paroxystique de ces tentatives de contrôle et de ce fantasme que tout se joue là, dans un « no man’s land » qui serait à l’intérieur de la personne et dont celle-ci, serait, paradoxalement, responsable : le questionnement sur soi qui tourne en boucle, les questions pour l’art sans les réponses, une tendance à se définir en négatif (complexe, défaut de…, tendances obsessionnelles, inhibition, etc…) avec les termes de la psychopathologie psychanalytique, une vision « désenchantée » du monde qui empêche de croire en autre chose qu’en le sacro-saint inconscient.
Au-delà de la problématique des enfants de psys, il sera donc bien question d’un monde, d’une culture « psychanalytique » et des aberrations auxquelles elle peut amener quand elle devient la référence absolue et s’applique, au-delà du cabinet du psychanalyste, à la société entière, présidant à la création de normes nouvelles et d’êtres nouveaux, d’une nouvelle façon de se définir.
Pour toute personne qui pense qu’un psy peut lire dans son inconscient comme s’il avait une boule de cristal ou qu’il existe une vérité cachée sur elle qu’elle ne connaitrait pas,
Pour toute personne baignée dans le champ de la psychanalyse sans le savoir (monde de l’éducation, secteur social, de la petite enfance…) et qui, lorsque son enfant se plaint d’un mal de ventre, se pose la question de ce qu’il essaie inconsciemment d’exprimer à travers ce mal de ventre avant même d’envisager l’hypothèse de l’indigestion,
Pour toute personne qui se demande si elle ne cherche pas à réaliser dans sa relation amoureuse le désir œdipien de coucher avec sa mère ou qui interprète sa difficulté à passer ses examens comme une peur de « tuer le père »,
Enfin, pour toute personne qui se pose des questions sur elle et qui pense que la psychanalyse peut lui offrir les réponses,
Ce livre pourrait apporter des éléments certains de réponse…
Quatrième de couverture
Vous vous êtes peut-être un jour adressé à un psy formé à la psychanalyse ou peut-être, du moins, l’avez-vous déjà envisagé…
Ce livre peut vous être utile, à vous, ainsi qu’à tous ceux qui se sont à un moment donné, de près ou de loin, intéressés au monde de la psychanalyse.
À travers les différents témoignages vivants d’enfants de psychanalystes célèbres collectés dans cet ouvrage, vous pourrez avoir un aperçu imagé de ce à quoi peut aboutir une pratique, une pensée, la pensée psychanalytique, lorsqu’elle n’est plus cantonnée au seul divan, mais qu’elle est appliquée, au-delà des patients névrosés, aux enfants des psys, voire à la société entière, présidant à la création de nouvelles normes et d’êtres nouveaux..
Et c’est bien ce que sont nos enfants de psychanalystes et également un peu nous tous, enfants de la psychanalyse, sans que nous n’en ayons parfois même conscience: un pur produit de la pensée, de l’idéologie psychanalytique largement véhiculée par les médias.
À quoi cela peut donc bien ressembler?
C’est ce que vous découvrirez en lisant ce livre auquel vous accorderez une « écoute non flottante » et que vous saurez apprécier avec « neutralité bienveillante ».
J’en suis a la moitié. Fabuleux. On découvre les coulisses. Les masques tombent. Les choix psychanalytiques de « distanciation » y compris avec leurs propres enfants sont hallucinants à découvrir, parfois conjugués avec un fonctionnement qui institutionnalise les intrusions des patients dans les familles.
On découvre aussi l’incapacité à élaborer d’autres repères que psychanalytiques pour aborder tout évènement de la vie, et comment les enfants composent avec tout cela…ou pas.
C’est un ouvrage unique parce que témoignant de la vraie vie de famille, des relations parents enfants lorsque les principes psychanalytiques sont appliqués.
L’écriture reste respectueuse des parents comme des enfants, mais ose poser les questions qui surgissent, sans complaisance.
Bravo !
Juste par curiosité, étant moi-même enfant de psychiatre à forte tendance psychanalytique, petite question:
Y est-il fait mention de pratiques d’hospitalisation psychiatriques abusives où le parent prétend aussi être le psychiatre de son enfant?
Juste pour savoir si je suis un cas « isolé », ou pas…
Non ça ne parle pas de ça à priori…